des mosaïques composées de ma rbre mêlé à la nacre chatoyante, opaline, e t à
des ve rre s opaques diversement colorés, qui sont d ’un éclat beaucoup plus
vif que les mosaïques grecques e t romaines. Quand la nature ne fournissait
pas de p ie rre s d’une teinte assez vive, on colorait au feu des morceaux de verre
p o u r donner plus d ’éclat à ces mosaïques.
La mosaïque, appliquée ordinairement à la décoration des pavages ou à
celle des m u rs , se ren co n tra it très-fréquemment en E gypte1. La p lupa rt des
belles mosquées sont décorées de la so rte ; il existe même une mosquée, celle
d ’Ahmed-el-Bordeyny, qui est ainsi décorée entièrement.
Le mot p a r lequel les Arabes désignent les mosaïques, d it M. Reinaùd,
prouve à lu i seul qu’ils o n t emprunté cet a rt aux Grecs du Bas-Empire ; ils les
appellent en effet Fsepysa, expression qui n’est que la transcription évidente du
mot grec 'j'Yiç&xîiç, qui signifie construction en petits cailloux.
Nous pensons ê tre agréable au lecteur en terminant par une description
des mosaïques de Qoubbet-el-Sakhrah; elles forment un ensemble u n ique , d ’un
grand in té rê t au point de vue de l’histoire de l’a rt, parce qu’elles appartiennent
à une époque dont les monuments sont ra rem en t parvenus ju sq u ’à nous.
Quoique exécutées à trois siècles?d’i 11 tervalle, ces mosaïques sont faites par
le même procédé. La matière employée est le v erre coloré, divisé en petits
cubes d ’un centimètre à peu près de côté; chaque ton possède trois teintes serv
an t à modeler les formes e t à obtenir l’ombre et la lumière. Les fonds sont
uniformément doré s; des rehauts d’or appellent la lumière de place en place,
s u r des arêtes de feuilles, su r des points saillants. Quelquefois le point lumineux
d’une surface arrondie est simulé à l ’aide d ’un morceau de n a cre; celte
matière est su rto u t employée dans les mosaïques du tambour, qui sont les plus
modernes. C’est à l’aide de ces tons opalins que sont rendus les grains de raisin,
les pétales des fleurs e t les ornements blancs qui décorent la panse des vases ;
le u r effet n ’est pas toujours h eu reu x , car, sous un certain jo u r, elles sont trop
brillante s et tran ch en t p a r le u r vivacité su r l’harmonie chaude mais toujours
très-solide des verres colorés; elles font trou et p a r cela même nuisent à l’ensemble.
Cette réserve faite, l ’effet général est puissant e t témoigne d’une connaissance
sérieuse des conditions de l’a rt décoratif.
Le procédé en lui-mêmè est antérieur à l’époque byzantine ; quelle qu ’en
4. Ôn l’appelait autrefois : Opus Âlexa n d n n um. On en voit de beaux échantillon^ dans la plupart des
églises d’Italie e t surtout en Sicile ; les pavages de l’église do Montreàle en présentent des spécimens magnifiques,
qu’on peut supposer avoir été copiés sur les mosaïques égyptiennes.
■soit Forigine; assez difficile d’ailleurs à déterminer, on le trouve en-usage dans
îjps maisdns-rom aines dès la fin de la République; les nuançpa-sqnt même plus
nombreuses, la palette plus riche à Pompéi.au f i siècle; qu’à Constanlinople ou
■iê'jérusalem,- a® vu“.- La seule innovation ’ dont on puisse faire honneur à l’a rt
chrétien est la dorure des fonds, et elle nîes.t pas sans valeur, car c’est le ton
solide et b rillan t de l’or qui est le .g ran d élément h a rm o n is a teu r; sans la tran quille
uniformilévdê cette surfac'S;ïIes ornements de verre-coloré paraîtraient
•criards et lourds, e t l f e s t à sa présence qu’il faut surtout a ttrib u e r le grand
effet décoratif dès mosaïques byzantines, même imparfaitesjjsôus d’aulres
ra p p o rts 1.
Cérâmique àrchiieclïiralè.
La céramique architecturale se montre, dès la plus haute antiquité, dans
les monuments égyptiens, où l’on voit l ’application d’un émail ou couverte
vitreuse, application qui resta pendant des siècles'étrangère à la poterie.
Les artistes byzantinsfayant répandu le goût des mosaïques dans tout le Bas-
Empire, les Arabes les imitèrent d’abord, mais ils sùbstituèrentdè bénne heure aux
mosaïques, d’un p r o c é d é fg n t et coûteux, le s faïencés‘:emaillées polychromes,
faciles à exéciiter^ qui ornèrent, dès le vn* siècle, les murs des édifices de Jéru salem,
i!dè l ’Alhambra et de Çordoùe.
Les artistes islamiques, a rab es, persans e£ turcs, firent bientôt de nombreuses
applications de la- tè r r e ’îëmaillée à l ’architecture. On voit en Orient
maints édifices dont lés dômes et les murailles intérieures et extérieures sont
ornés de faïences sur lesquelles les détails les plus brillants de l’ornementation
sont produits p a r des arabesques coloriéès que ' protège une couverte d’émail.
Le goût en devint si général qu’on les fit servir à la décoration, au revêtement
des salles, des lambris, des b ains, des fontaines e t m ême de certaines boutiques.'
C’est l’espèce de mosaïque’que lès écrivains arabes nomment Ïü-Zalddj, mot dont
les-Espagnols Ont. fait leu r Azulejos. On les appelle" aujourd’hui, au Kaire, Qui-
chani. ’
Nous donnons ci-après (fig. i6 ) un panneau de faïence du divan des
janissairës, à la c itadelle; ce panneau mérite d’a ttire r l’attention p a r l ’originalité
•de sa disposition. !
’ | f Malheureusement nous ne connaissons pà^fencoré complètement l’histoire de l’art byzantin. Pendant
¡la longue e t féconde période'qui s’étend du Ve au xn° siècle,- il a subi des fluctuations dont le détail nous
.échappe*