la façon la plus précise p a r cette pa rticu la rité bien remarquable, qu’elles ont
toujours u n claveau qui passe p a r le sommet de l ’arc , c’est-à-dire qu’elles ont
u ne clef, tandis qu’en Occident il n ’en est jamais ainsi. Les ogives occidentales
(fig. 2/j.) n ’ont point de c lef p roprement d ite; un point vertical occupe le sommet
de l’arc e t sépare les claveaux d ’u n demi-arc de ceux du demi-arc opposé. Ce
détail, en apparence assez insignifiant, prouve que les Européens n ’ont pas empru
n té cette arcature aux Orientaux.
L’ogive se présente à son début, c’est-à-dire à la plus ancienne période, sous
des formes très-surbaissées, c’est-à-dire en ogives obtuses qu’on confond souvent
avec le plein cintré, ainsi qu’il arrive dans la mosquée d ’El-Hakem-Biam-
rillah, bâtiè l ’an Zt06 de l’hégire (1015). Dans la mosquée de Touloun même,
l'effet en e st encore si peu sensible que, si l’on remplace p a r l’arc en plein
c intre l’ogive dont l ’arc èst ici aussi peu brisé que possible, cette substitution
n ’altère pas la stru c tu re du monument, car, bien que l’ogive soit partout la
courbe dominante, elle ne constitue point la pa rtie essentielle de l’architecture,
au point de faire perdre au premier monument arabe le caractère propre qui le
distingue en tre tous.
À p a rtir de l’érection dè la mosquée de Touloun, c’est-à-dire depuis le
x i i ° siècle, l ’archite cture s’empara de l ’ogive et ne se d ép artit plus de ce nouveau
système d’ornementation, qui dès lors e st devenu type. Elle en varia l ’arca-
tu re en la traçant plus lancéolée, plus élancée, en la re n tra n t davantage, mais
jamais ^u point de la ren d re sèche e t maigre comme dans quelques-uns de nos
édifices.
Pour avoir une idée exacte de la mosquée de Touloun, il faut a jouter que
ses arcades reposent su r des piliers cantonnés de cdlonnettes (fig. 25)
qui reçoivent la retombée des ogives; l’archivolte de ces arcs e t leu r
intrados sont décorés d ’arabesques d’un style nouveau qui se rattache
8 aux arcades e t fait de l ’ensemble le premier édifice du culte musulman,
libre de toute influence e t sans analogie apparente connue.
Ceci a lieu dans la première période. Dans ce que nous pouvons appeler la
seconde période de l’a rchitecture, l’ogive devient plus raffinée, plus svelte, plus
élégante, souvent outre-passée, sans se d ép a rtir d’es formes, m oelleuses qu’elle
présente p a rto u t ; elle se termine généralement en s’arrondissant sur Pimposte,
ou un peu au-dessus, mais sans jamais a cqué rir une puissance supérieure.
Pour mieux faire comprendre ce que nos démonstrations p ourraient laisser
d ’incomplet su r ce que l’on désigne sous le nom d ’arcatures, nous avons donné,
planches X V et XVI, ci-jointes, deux planches de parallèle d ’arcatures.