d’un style lourd, probablement turk, tiré de l’Asie Mineure. Nous le donnons ici seulement
pour faire voir comment on ornait la nudité .des murs.
Faïences murales d’un Hanout (pl. CXXX1I). H Les Hanout sont de petits édifices,
composés de piscines ou bassins qui servent à laver les morts et à les ensevelir avant de
les porter au cimetière. Un des plus beaux hanout est celui que l’on a annexé à la mosquée
sépulcrale de Qaytbay; il est malheureusement à moitié détruit aujourd’hui.
Couronnement de la porte du Mimbar de Gama Sysaryek (pl. CXXXÏII).HLa mosquée
de Sysaryeh ou Gama Geneyd, située dans la'citadelle du Kaire, date de l’an 988 (1526) ;
elle a été construite sur l’ordre de Solyman-Pacha par des ouvriers turks, et n’offre de
remarquable que divers détails d’ornementation qui paraissent d’une époque plus récente
Celui qui fait le sujet de cette planche est peint, pour imiter sans doute un revêtement
de faïence, sur la porte d’un petit mimbar de marbre blanc, qui n’a jamais été terminé
et dont les arabesques assez grossières témoignent de la décadence de l’art sous les
Osmanlis.
MENUISERIE.
MOUCHARABYEH ET G R IL LA G E S EN B O IS .
(p l a n c h e s c x x x iv a c x x x v n r . )
La chaleur du climat a fait sentir, en Égypte, comme dans la plupart des villes
orientales, le besoin de faciliter le renouvellement de l’air intérieur ; aussi les fenêtres n’ont
ordinairement d’autres fermetures que des treillages de bois, faits très-artistement et qui
laissent circuler l’air en interceptant la vue de dehors en dedans, de façon que les personnes
qui sont à l’intérieur de l’appartement peuvent voir au dehors sans être aperçues. Ces
fenêtres grillées sont appelées Chibbak; elles sont d’un travail charmant et assez varié,
comme on le peut voir par les spécimens reproduits dans nos planches ; souvent elles sont
percées par de petites ouvertures garnies d’un guichet mobile, également en treillage, qui
permet de passer la tête pour regarder et appeler au besoin. Il y a peu de simples châssis
de treillages; ces fenêtres sont aussi quelquefois remplacées par des moucharabyeh du même
genre, mais qui offrent l’avantage de pouvoir s’y asseoir pour jouir de la fraîcheur et du
coup d’oeil.
Beyt-El-Emyr : Moucharabyeh pentagonal (pl. CXXXIV). — Cet «élégant moucharabyeh
entouré de ses treillis de fenêtres, ressemble à une volière accrochée à.un mur; il est garni
de plantes grimpantes, dont la verdure neutralise la réverbération du soleil et dont les fleurs
égayent la solitude du harem. Nous n’avons rien changé, rien ajouté, à ce charmant motif
arabe ; nous nous sommes contenté de reproduire fidèlement ce que nous avons vu dans la
cour d’une maison abandonnée et tellement croulante de toutes parts, que nous n avons
point osé pénétrer dans le joli kiosque qu’on aperçoit à travers la fenêtre. C’est le plus beau
spécimen que nous ayons rencontré de ce genre de boiseries, dont les treillis tournés
fournissent tous les détails de construction.
Pour avoir une idée exacte de ce genre de fenêtres à claire-voie, on peut le comparer
au moucharabyeh de la maison du cheikh Sâdat.
Grillages en bois découpé, tourné et sculpté, avec inscriptions koufiques (pl. CXXXV
à GXXXVIII). — Les deux inscriptions en koufique rectangulaire, fréquemment employé dans
l’ornementation des boiseries, ou dans la mosaïque; se.lisent et se traduisent ainsi :
Celle qui surmonte la grande fenêtre n° 1 : « U illahi-el-amr mîn qabl ou min b'ad. —
A Dieu l’empire du passé et de l’avenir, » et celle qui porte le n° 2, fragment d’un moucharabyeh
: « Bism’illah mâcha Allah. S I Au nom de Dieu, ce que Dieu veut. »
INTÉRIEURS.
(pl a n c h e s c x x x ix a c x l i i .)
Nous avons voulu donner, dans les reproductions d’une des plus remarquables maisons
du Kaire, Beyt Sidi Youçouf Adami, une idée des appartements intérieurs des riches habitations
à l’apogée de la civilisation arabe, en Égypte. Nous allons chercher à en détailler
successivement les particularités et les beautés artistiques.
Salon de réception de Sidi Youçouf Adami (pl. CXLI).||§- Comme dans toutes les
grandes pièces de réception à l’un ou l’autré étage, cette salle était divisée en deux parties
par un vestibule, qui séparait la partie réservée aux femmes de celle des-hommes. Ces
parties, un peu plus élevées l’une que l’autre, étaient recouvertes de tapis, de nattes et de
coussins. La partie médiale, garnie d’une suite de petites arcades découpées en marbre,
servait à placer des alcarazas et tous les petits meubles dont on se servait journellement.
Au-dessus, près du plafond, on avait peint une suite d’arabesques, pour servir de pendant
aux vitraux qui surmontaient la porte placée en face et éclairaient cette pièce aérée par de
vastes Moucharabyeh. Une femme, appuyée sur la balustrade, donne la hauteur de cette^
partie de l’édifice.
La petite salle, inférieure au salon de réception, est décorée également de niches de
marbre blanc sculpté, appelées Kaivarnakah. Cette pièce, garnie d’ustensiles de ménage,
était également décorée de plaques de marbre et servait à la nourrice (pl. CXL). Du reste,
cette maison est, comme toutes celles dés Arabes, transformée un peu à l’européenne ; il
est difficile de rencontrer des maisons musulmanes où Ton ait facilement accès.