ARMES ET ARMURES.
(¿^(■PLANCHES CLV A CLVI.),
Les armes de Tombân-Bay-el-Achraf (pl. GLY) consistent en son casque, sa lance, son
poignard, sa hache, son Djoukan et sa masse d’armes. Elles portent toutes le nom du soultan
et la date de l’an 917 et 921 de l’hégire (1511 et 1515 de lëiB chrétienne). Elles sont fabriquées
d’acier de Perse, appelé Khorassân, et damasquinées en or avec beaucoup de goût.
Le procédé le plus ordinaire pour fixer sur l’acier ces ,élégantes aratoesqnes,, consiste à grayqr
ou plutôt à strier, comme on le ferait pour une lime douce, tous les. ornements dessinés sur
la surface de l’acier ; puis on y pose un fil d’or qu’on fixe sur les entrailles au moyen du
marteau et du brunissoir.
Le casque, de forme orientale, c’est-à-dire à timbre arrondi sans visière, est en acier
de Damas, bruni et damasquiné en or. Sur le devant du casque, une petite vis re.tiept ia languette,
qui doit s’abaisser sur le visage et le préserver des coups de sabre. Le reste de la
tête et le cou sont préservés par un réseau d’acier, dont on ne voit plus que quelques
anneaux. Les écussons qui ornent Je bandeau du casque contiennent,djvers passages du Qorân
et des sentences pieuses : «’Dieu: il n’y a pas d’autre Dieu que lui. Il possèdejput pé qui
est dans les deux et sur la terre. La grandeur de son trône embrasse tout l’univers, dont la
conservation et le gouvernement ne le dérangent pas. 11 est le haut,Je majestueux, le vigilant
par excellence. Le sommeil et les distractions ne l’atteignent jamais. 0 toi qui mets fin aux
affaires I 0 arbitre des choses importantes ! donne la victoire aux vrais croyants, etc., etc. il
Le Djoukan est un bâton à pahpe recoüiîle et p o in tu e ||ÿ |t les anciens mamlouks se
servaient pour briser les cottes de mailles. Ce crochet, servait aussi, lorsque les javelots ou
Djerid ne portaient pas et tombaient à terre, à les ramasser sans que lès cavaliers eussent
besoin de descendre de cheval. Les mamlouks confiaient ordinairement à leurs palefreniers,
qui couraient à travers les combattants, le soin dangereux de ramassér et de leur ra ||p rte r
cès javelots égarés. t 1 ' ' 1. . ' ■ ‘ V ; . t.:
La masse d’armes ou massue ressemble à celle: de nos anciens chevaliers. Le manche
était garni de velours cramoisi retenu par une languette d’acier damasquiné en or.
La hache est d’un bon goût et d’un travail précieux. Les deux fines ciselures qui décorent
la lance, indiquent par leur style que cette arme a été fabriquée en Perse. Elle ne pot te
d’autre inscription que ces trois mots rpv Allah, Mohammed, Tomân, » c'est-à-dire le nom de
Dieu, celui de Mohammed son prophète et celui de Tomâri, son possesseur. ■
Le poignard, dont le manche est en agate ornée de. pierres fines et dont la lame
ondoyante est ciselée à nervures, porte deux inscriptions : «Je charge de ma vongeàrice®ieu,
qui est le meilleur maître, le meilleur protecteur eL le meilleur agent... Mon Dieu, ne. vous
opposez pas à ce que je vais entreprendre,.. Seigneur, complétez vos bienfaits par une
bonne fin. »
La lance, qui est d’un travail et d’un goût admirables, ressemble plutôt à Une lance de'
ilurnoi, appelée lance gracieuse, qu’à une arme de guerre. Toute la hampe est recouverte
de velours cramoisi et un long cordonnet de soie verte et blanche s’enroule autour. Le petit
édifice à colonnettes qui lie la lame à la virole delà hampe, représente le temple de la Mekke,
l’éternelle Kâabah. La base porte sur ses quatre faces les noms d’Allah, Mohammed, Aly et
Tomân. La boule d’argent contient un peu de terre du tombeau du Prophète", et porte pour
légende : « Nous avons fait pour nous une nouvelle conquête, au nom de Dieu clément et
miséricordieux. »
La petite amulette qui pend au cordonnet renferme un morceau du manteau du Prophète;
on lit sur cette amulette la profession de foi de l’islamisme.
Le sabre de Tômân-Bay, dont nous n’avons point donné le dessin, ressemblait à tous les
sabrés de Perse.
Le bouclier ou rondache orne probablement encore le plafond d’un harem du Kaire,
où ces armes ont été tirées pour être vendues à l’enchère, il y a plusieurs années.
Armure de tête de cheval (pl. CLVI). — Elle a été exécutée d’après un estampage
de M. Gournault; elle est en acier damasquiné en dr, Cette pièce, bien qu’elle soit de
l’époque turke et d’un style un peu lourd, nous paraît compléter la panoplie des armes de
Tomân-Bay.
MOBILIER CIVIL ET RELIGIEUX.
CUIVRE ET DAMASQUINURE.
( p l a n c h e s c l v ii a c l x x i i i .)
Dans la maison ou sous la tente des riches familles musulmanes, lorsque le repas est
terminé, on voit paraître un domestique ou un esclave qui tient d’une main un large bassin
de métal, et de l’autre une aiguière; il s’approche successivement de chaque convive, ‘ par
rang de préséance, et leur donne à laver. Les ablutions se font avec un certain ordre : d abord
les mains, puis la bouche et enfin la barbe. Le serviteur porte sur l’épaule une serviette plus
ou moins riche, quelquefois brodée de soie et d’or, et chacun des convives s’en sert à son
tour pour s’essuyer.
Le fond de la cuvette est garni d’une sorte de plateau à claire-voie, qui permet à l’eau
déjà souillée de ne pas être vue et de ne pas être un objet de dégoût pour les assistants. Au
milieu du plateau se trouve* une petite coupe destinée à recevoir le savon. Le bassin se
nomme Techt et l’-aiguière Ibrik.
Ces petits meubles d’un usage journalier’ sont d’ordinaire de cuivre étamé ou de
laiton chez les personnes peu aisées, d’argent chez certains grands personnages, d’émail
chez le shah de Perse, d’or chez les soultans.
Celui que représente notre planche GLXI est de laiton, gravé à la pointe ; il vient de
Perse et date du xvi® siècle.4’
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