formé une garde de soldats dévoués avec des esclaves, Gircassiens p our la plup
art, que les T artares venaient vendre au Kaire ou que l’on amenait de l ’empire
turk. À force de g rossir ce corps de mamïouks1, ses successeurs, surtout Melek-
el-Saleh et Neym-el-Din, en firent u ne armée dont les chefs eu ren t toute l ’autorité
militaire, e t bientôt cette milice, semblable aux gardes prétoriennes, le u r fit la
loi e t s’empara du pouvoir. Les chefs, imprudemment élevés aux premiers
emplois, usurpèrent, sous différents noms, l ’autorité de le u r maître e t se rendirent
indépendants. Les événements de ce genre sont u n des tra its distinctifs
de l ’histoire des États asiatiques. Les de rnie r des Ayoubites, Touran-Châh, fut
assassiné p a r ses mamïouks révoltés p our avoir disgracié quarante émirs e t
changé plusieurs de leu rs chefs, et cette milice indisciplinée disposa dès lors, à
son gré, de la couronne égyptienne; aussi vit-on p our la première fois une
femme (une esclave) faire tourner à son profit contre la loi du Qorân, pour
essayer de régner, les bénéfices du crime; disons quelques mots de ce fait
étrange.
Schagiar-el-Dorr (arbre de perles) avait été l ’esclave favorite d’El-Melek-el-
Saleh, dont elle avait caché la m ort en attendant l’arrivée de son successeur; ce
fut elle qui le fit ensevelir secrètement. Dévorée d ’ambition, avide, passionnée,
elle avait voulu rég n e r ou du moins gouverner sous le nom d’un époux, puisque
le sceptre lui était interdit. Mais la m ort de Neym-el-Din modifia ses dispositions.
Un amant obscur, ignoré, Ibek, promu p a r la faveur de la sultane aux
premières dignités, devint le confident de ses projets; il en fut bientôt l’in s tru ment,
en assassinant le seul obstacle au trône, le fils de sa maîtresse; Touran
Châh, qui avait succédé à son père e t venait de v aincre les Français à Mansourah,
où l’infortuné Louis IX fit admirer son courage e t ses yertus.
Ibek, proclamé soultan, épousa sa maîtresse, partagea le trô n e avec elle, et
commença la dynastie des Mamïouks Turkomans ou Baharites.
MAMLOUKS TURKOMANS OU BAHARITES JUSQU’AUX SOULTANS OTTOMANS
Du xiii* au xvi® siècle.
Ibek ten a it d’une main ferme les rênes de l’empire; néanmoins on lui imposa
u n collègue du sang des Ayoubites sous le titre de Melek-el-Achraf, mais Ibek
le fit p é rir dans les fers. Peu dé temps après, lui-même ayant cru pouvoir
'!. Mamlouk signifie : esclave, possédé.