Ibrahym-Pacha, nommé p our lui succéder en 1012 ( 1 6 0 3 ) voulut aussi
ré p rim e r l’audace de l ’armée, e t fut massacré dans l’insurrection. i ;;
La Porte nomma pour le remplacer Mohammed-el-Kourdjy-el-Khâdem,
avec mission de réorganiser les milices turbulentes et de punir les plus coupables.
En six mois, deux cents des principaux mutins fu ren t décapités^ Son
successeur, le vizir ïïa ç èn , eut un gouvernement paisible, grâce à .des concess
io n s; mais celui qui le remplaça, un au tre Mahommed, nommé au pachalik en
1016 (1607), malgré une sage administration, eu t aussi à ré p rim er une nouvelle
révolte des troupes, qui allèrent ju sq u ’à nommer u n soultan d’Egypte. Le
pacha, secondé p a r les odjaqlys fidèles, attaqua et défit les rebelles, dont les
principaux furent décapités. Après avoir rétabli l ’o rdre, la tranquillité e t opéré
maintes réformes, le pacha résigna lui-même ses pouvoirs , et attendit que
la Porte eût envoyé à sa place Mohammed-el-Soufy, qui eu t aussi à réprimer
une révolte. Ahmed le remplaça l’an 1025 (1616), e t su t ré ta b lir dans tous les
odjaqs l’obéissance e t la discipline.
À l ’avénement au trône dû sultan Moustafâ, un nouveau gouverneur,
Moustafâ-Lelghely, fut envoyé en Egypte e t chassé du Kaire p a r les soldats.
Djafar-Pacha, qui lu i succéda, fit bien vile place à u n au tre nommé Moustafâ
comme son p rédécesseur; il débuta p a r quelques actes de justice contre les
beys turbulents; mais son système d’exactions de tous genres le fit bientôt
déposer. Housseyn, puis Mohammed-Pacha, puis Ibrabym-rPacha, se succédè
ren t rapidement. Mouslafâ-Paeha, envoyé à la place de ce de rnie r en 1032
(■1622), fut destitué au bout de trois mois e t réintégré, aussitôt p a r la volonté
des troupes qu ’il combla de largesses. La Porte, cédant aux instances de l’armée,
des qâdys e t des cheikhs, le confirma dans son gouvernement.
Cette condescendance de la Sublime-Porte, impuissante à faire respecter
sa volonté, devint un funeste précédent dont l ’armée su t profiter ensuite.
L’an 1032 (1634), Moustafà-Pacha fit bâtir une mosquée su r la place de
Roumelyeh.
Sous son gouvernement, en 1035 (1625-26), une peste horrible vint ravager
toute la contrée e t fit p é rir plus de trois cent mille personnes. Pour ne pas
effrayer la p o pula tion, on fut obligé de supprimer les cérémonies funèbres.
Comme d ’habitude en pareilles circonstances, le pacha utilisa à son profit cette
calamité publique, e t se déclara h é ritie r des victimes opulentes, ce qui remplit
bientôt son trésor p a rticu lie r; mais, su r la réclamation des parties lésées, il
fut destitué, e t la Porte, p o u r se venger du titulaire qu’elle avait su b i, le condamna
à mort, malgré ses restitutions, l’an 1037 (1627).
Le pachalik de l’Égypte fu t confié ensuite au vizir Beyram, qui contint les
troupes dans le devoir et donna au pays une grande impulsion commerciale en
se livrant à d’heureuses spéculations. Son successeur, le vizir Mohammed, gouverna
avec intelligence, e t n ’eu t à rép rim er que quelques troubles su s c ité s ,
comme d ’habitude, par l’indiscipline de l ’armée.
Parmi les monuments du Kaire, on remarque une belle mosquée de style
arabe assez p u r qui a été élevée à cette é p o q u e , c’est-à-dire en 1038 (1628),
p ar un nommé Kerym-el-Din-ebn-Àhmed-el-Bordeyny, dont l’histoire ne fait
pas mention; il devait ê tre pourtant un notable personnage pour oser fa ire ,
sous des pachas avides et c ru e ls, un tel emploi de sa fortune; mais, de son
temps, les descendants de mamlouks commençaient à faire sentir leu r influence
et à se faire craindre e t respecter.
A Mohammed succéda, dans le pachalik d’Egypte , le vizir Moussa, qui ne
songea comme tant d ’autres qu’à s’enrichir. Dans l’unique b u t d’exercer des
confiscations à son p ro fit, il fit décapiter, sans motifs plausibles, une foule de
notables et de riches marchands du Kaire. Le sultan lui ayant demandé un contingent
contre la Perse, les troupes se p rép a rè ren t à p a rtir sous les ordres de
l’émir Keytas-Bey. Moussa profita de l’occasion p our tirer du pays des subsides
extraordinaires; mais, quand tout l ’arg en t fut re n tré , il déclara que les frais de
l’expédition étaient trop onéreux pour l ’Égypte e t qu’il ne pouvait expédier les
troupes. Keytas-Bey éclata en plaintes et en reproches si violents que le pacha,
pour s’en débarrasser, le fit assassiner dans u n guet-apens. A la nouvelle de
cet attentat, les troupes révoltées le déposèrent de ses fonctions et nommèrent
l’émir Hassim-Bey pour Qaym-Maqamÿ en attendant la décision de la P o rte , à
laquelle l’armée et les qâdys avaient adressé des rapports su r les événements.
Khalyl-Pacha fut nommé à sa place l’an 1041 (1631 )*;];. son administration
douce, impartiale e t prospère fit rep a ra ître l ’abondance e t la paix dans un pays
appauvri e t ravagé par les exactions des pachas. Lorsqu’il fut remplacé dans
son gouvernement, les boutiques restèrent fermées pendant h u it jo u r s , en
témoignage de regret,
Le pachalik fut confié, en 1042 (1632), au vizir Ahmed-el-Kourdjy, ancien
émir, akkhour ou premier écuyer du sultan. C’est probablement lu i qui fit bâtir
au Kaire la mosquée dont la date est fixée, p a r e rre u r, à l ’an 1070 (1659).
Il fut remplacé p a r le vizir Housseyn, homme avare , c ru e l, sanguinaire,
qui marqua son passage au pouvoir p a r le meurtre et les concussions. Plus de
douze cents victimes p é riren t de sa main ou p a r ses ordres, et, pendant les deux
années de sa gestion, aucun héritage ne revint aux descendants y ayant droit.