distinguer des autre s trib u s de la race turke, qu ’ils porteraient désormais son
nom. Le sang des Turks se trouva ainsi in tro d u it en Egypte, mais il s’y est peu
répandu dans les villages. On ne trouve guère qu’au Kaire des individus de cette
n ation; ils y exercen t les a rts, s’ils n ’y remplissent pas des fonctions religieuses
e t guerrières.
On ren co n tre encore des types d ’autres races humaines : bon nombre d’habitants
appartiennent à la race nèg re ; celle-ci offre autant de variétés, — malgré
l’opinion vu lg a ire , — que toutes les a u tre s ; une différence s’observe trè s -b ien
en tre le nègre Mila e t ceux de Koldagi, de Chaboune ou de Tékélé; il en est de
môme en tre le Berta grossier et le noble Behr, en tre le Dinka et le misérable
Kek. On y trouve aussi des repré sentants de la race juive ; les juifs d’Égyple
app artien n en t en général à des familles établies depuis des siècles dans la vallée
du Nil; cependant quelques-unes, venues des pays voisins, s ’y trouvent depuis
peu de temps. Le type ju if é tant trop connu pour que nous nous en occupions
spécialement, il nous suffira de dire que le ju if égyptién présente une physionomie
tant soit peu différente de celle des juifs d ’Asie; ces modifications, dues,
sans nul doute, à u n é ta t maladif constant, proviennent plutôt d’un défaut d’in solation
que de toute autre cause. Cependant une grande fécondité et de grandes
vertus domestiques distinguent leurs femmes, quoique l ’amour du gain et
l ’aversion p our les nations étrangères soient innés chez ceux-ci comme partout
ailleurs.
N’oublions pas deux branches d’Étliiopiens assez nombreuses au Kaire : les
Barabras e t les Abyssiniens. Les Barabras originaires de la Nubie se distinguent
pa r d’assez belles formes, quoique ayant u n corps grêle e t une stature moyenne.
Ils quittent leu r pays p o u r venir servir dans la capitale, principalement comme
portiers ; il y en a toujours quelques milliers au Kaire.
Les Abyssiniens diffèrent peu.,, en général, des Barabras p a r leurs caractères
physiques; mais leu r type, s’il n ’est pas mélangé, accuse une physionomie plus
noble et des formes plus ro b u ste s; cependant leu r tempérament se rapproche
beaucoup de-celui des Barabras.
Mentionnons enfin les Gallas, qui sont d’une race nègre nomade e t trè s -
g u e rriè re ; ils re p ré sen ten t le héros de l ’Afrique dans toute sa pu re té : épaules
et tête larges, chevelure lisse e t épaisse, nez d roit et aquilin su r une face très-
peu aplatie, avec cette pa rticu la rité que la couleur de le u r peau est souvent
très-claire. Mais les Abyssiniens e t les Gallas ne vivent au Kaire, — à l ’exception
des quelques pèlerins qui y séjournent m omentanément avec les caravanes,— que
dans l’esclavage. On sait que la beauté des femmes gallas est devenue proverbiale;
quant à leurs enfants, ils s eraien t aussi aptes aux sciences que les enfants
d’Europe, sans un penchant qui p a ra ît les pousser irrésistiblement vers la sensualité.
Il existe encore au Kaire un grand nombre d’e u n u q u es ; ils appartiennent
tous aux deux dernières races nègres.
L’aperçu général que nous venons de tra c e r de la na tu re de l’Egypte, de
son climat et de sa situation géographique, en le complétant p a r l’énumération
des différentes races qui l’h ab ita ien t au moment où débarqua l ’expédition française,
nous a p a ru indispensable à l ’élucidation des particularités inhérentes à
ces études du plus h au t in té rê t. II é ta it surtout, selon nous, la préface obligée
des prolégomènes historiques, sans lesquels il nous eût été impossible d ’in té resser
le le c teur à la formation, à l’épanouissement e t à la décadence de' la
civilisation musulmane au Kaire.