incerlaine à cause des nombreuses altérations que l ’édifice a subies depuis. Les
exemples isolés d ’ogives arabes plus anciennes que l’époque d ’Ahmed-ibn-
Touloun, OU, ce qui équivaut au même, que celle du nlldm è tre d e Koudah1, ont
peu dp va leu r ; on en trouve, des exemples plus anciens dans les édifices chrétiens
d’Égypte, avant la conquête des Arabes,, aussi b ien que dans ; d'anciens
édifices d ’Égypte e t d ’ailleurs.
Les recherches de sir Gardner Wilkinson indiquent que l’adoption graduelle
de cette forme d’arceau a commencé dans les premiers temps chrétiens, et
Fergusson* mentionne son existence dans le dôme du rocher il Jérusalem.
Mais les persécutions endurées p a r les c h r é ti e n s , p end a n‘t les deux p remiers
siècles et pendant la première moitié du ni* siècle de l’hégire, et l’abséricé
de tous vestiges d ’importants édifices arabes pendant la même; durée, ont
causé, dans l’histoire de l ’a rt chrétien et musulman, une lacune qui reporte
n o tre connaissance de l ’adoption générale de l ’ogive’ et de' l ’architecture vraiment
arabe à l’an 861 ou 876 de n o tre ère (247 ou 263 de f hégire). Il est trè s-
probable cependant que, dans cette période de conquête, de persécution et de
prosélytisme, le s arts ont fait de lents progrès.
L’adoption en Europe de l ’architecture ogivale est urtè qiiëstion en dehors
des limites de ce travail. En Orient, comme nous l’avons dit, son adoption générale
doit rem o n te r il la fondation de la mosquée de Touloun ou à c elle du
nilomètre.
EnÉgyple, elle a toujours été, depuis, l’un des caractères les plus fo it s d u
style, là où ce style a ie plus fleuri, et, dans le s autres payé mahométans,‘ elle
accompagne, d ’autres preuves du goût le plus p u r. Généralement, elle affecté
légèrement la forme du fer à- cheval, mais dans beaucoup de cas la tra c e du
re to u r à la base de l ’archivolte est très-légère, e t le fer à cheval arrondi est
ra re .
La mosquée de Touloun, outre qu’elle indique l ’adoption d é il’ogive,' è s t re m
a rq u ab le ’en ce qu ’elle présente l ’a rt des Arabes sous une forme indépendante.
On y trouve pour la première fois, en effet, l’ornementation géométrique èt enroulée,
avec des caractères parfaitement distincts de toute au tre ornementation
connue. L’enroulement peut ê tre retrouvé dans les oe uvres byzantines, mais dans
4 . il y a, croyons-nous, de curieuses arches dans les deux vieilles mosquées au-dessus de Philoë, sur la
rive orientale du Nil : elles sont attribuées au muezzin du. Prophète qui certainement n’y alla jamais, car après
la mort du Prophète, il se rendit en Syrie et resta a Damas, jusqji’à sauïppty. ,
2. Manuel d'Arch ite ctu refy. 294, 379, 598, 815," /
ces édifices il a pris u n caractère entièrement spécial. C’est l’p rnementation qui
Ä s t d ep u â graduellement perfectionnée e t on retrouve ses progrès dans les
mosquées et danë le s 'au irë s édifices du Kairo, à; travers chaque forme de. son
développement. Dans cet édifice, son p rèm ie r exemple, I’enröüiement est élémentaire:
e t grossier e t n ’en est p a r conséquent que plus remarquable ; sa continuité
n ’est pas fortement marquée, ses formes sonftpresque dénuées de grâce.
Dans des exemples plus récents e t 'plus complets, chaque partie p eu t en être
suivie ‘jusqu’à la racine, ce qui constituefl un des-plus beaux tra its de l a r t , et
les formes sont symétriquement parfaites. Le travail géométrique, d un au tre
côté, sans êjre aussi compliqué, est aussi beau dans cette mosquée que dans
toute au tre plus récente. On peut supposer, comme W. Lane nous 1 a fait rem a rquer,
qu’ÜI d o it: son origine’’ au t r a v a il dés panneaux de bois, si commun en
Egypte e t en Syrie, travail commandé par les nécessités d ’un climat chaud, sous-
lequel de petits panneaux so n t Ttécésçiires p o u r ré siste r au;fëu e t au rétrécissement
du bois.
Puis, les ornements de .cette'mosquée sont en stuc, taillés à la main et
non moulés comme ceux de l’Allmmbrà. La différence artistique est visible dans
la main-d’oeuvre qui ne possède rien de la régula rité bruta le des moulages.
•L’édifice lui-même est de briques cuites’ et si solidement construit qu ’il a ré sisté
pendant près d’un millier d’années aux ravages du temps ; bien qu’on l ’a it
laissé tomber en ruine, il est encore en tie r, même parfois dans ses parties
décoratives.
S i forme est celle d ’une cour carrée, entourée d’arcades en ogives’avec une
très-légère inclinaison. Sur la niche se trouve une petite coupole qui probablement
n ’est pas do la même époque que l ’édificeï:,Nous n ’en connaissons qu ’un
au tre exemple en Egypte, c’est celui de la mosquée sépulcrale de Barqouq,
fondée en l’an 814 de l’hégire.
Il est presque inutile dé re ch erch e r l’exemple le plus ancien du dôme dans
l’architecture arabe, car il a été, sans aucun doute, emprunté aux ch ré tie n s ;
mâts il peut être utile à noter que Makrizy raconte qu ’il existait de son temps à,
Moosheh près d ’Asyoot, .capitale de la haute Égypte, u n e église ayant trois
dômes, de chacun 80 coudées de h au teu r, tous bâtis en p ie rre blanche e t qu ’on
disait remonter à l ’époque de Constantin le Grand.
Dans leurs dômes, les Arabes ont adopté e t perfectionné l’expédient a rch i-
I. Makrizy dit que l’architecte avait adopté les piliers de briques carrées, qui supportent les arceaux
autour de la cour, comme étant plüs solides que des colonnes de pierre.