VITRAUX ET VERRERIES.
( p l a n c h e s c x l i i i a c x l v i .)
Gama El-Seydeh Zeynab. Chemsah ou .vitrail en plâtre ajouré (pl. GXLIV). —
Nous avons indiqué ailleurs comment on fabriquait ces découpures de plâtre, garnies de
verres de couleur, de façon à faire des fenêtres d’un effet ravissant et d’une simplicité
toute orientale. Les Arabes les nomment Chemsah ou Chemsiah, terme que nous avons adopté
pour ne pas confondre ces vitraux avec les verrières proprement dites.
La mosquée d’El-Seydeh Zeynab, où nous avons copié ce beau chemsah, remonte à
une époque fort ancienne et jouit, au Kaire, d’une grande vénération parmi les femmes.
Elle a été restaurée et embellie à diverses époques, et la petite pièce.où nous avons copié
ce beau vitrail a disparu dans un des derniers remaniements.
D’après le style, nous n’avons pas hésité à donner à ce fragment d’architecture la date
du xive siècle.
Gama El-Achrafieh. Chemsah ou vitrail en plâtre ajouré (pl. CXLV). — Nous
ignorons la provenance'et la date exactes de ce chemsah que nous avons dessiné à Paris. Il
avait été envoyé d’Égypte à l’Exposition universelle de 1867, où il est arrivé en morceaux,
avec quelques autres vitraux enlevés au même édifice.
Après avoir fait constater les dégâts pour obtenir une indemnité, l’expéditeur allait
faire jeter ces fragments aux gravois, quand nous en fîmes l’acquisition. Des six chemsah, contenus
dans trois caisses, nous parvînmes, après un long et minutieux travail, à en rétablir deux
complets, qui, malheureusement, se ressemblent trop pour les reproduire tous deux. Le
marchand, M. Maynard, nous assura avoir fait détacher ces vitraux d’une mosquée appelée
Gama-el-Achrafieh, sans pouvoir nous donner d’autres informations.
Plusieurs soultans mamlouks ont porté le surnom de « Melek-el-Achraf■ le roi très-
noble », parmi lesquels il faut compter El-Melek-el-Achraf Schâban III et Barsabay, dont les
édifices sont dénommés : El-Achrafieh.
Pour nous conformer aux indications reçues, nous attribuons ce chemsah à Gama-el-
Achrafieh, bâtie par Barsabay, au xve siècle. .
Vase en verre émaillé (pl. CXLVI). — Ce vase fait partie de la superbe collection d©
M. Schefer, directeur de l’École des langues orientales vivantes. Le coloris en est suave et
harmonieux; il a été fabriqué en Égypte, et fait comprendre que ce n’est pas à tort
qu’une véritable passion s’en soit maintenue jusqu’à nos jours chez tous les véritables
amateurs.
ÉTOFFES ET TAPIS.
(p l a n c h e s c x l v i i a c l iv .)
Nous avons décrit longuement, au chapitre XI, les procédés employés pour fabriquer
les tentures, dont l'art arabe présente de si-remarquables spécimens. Nous nous bornerons
ici aux quelques détails qui ont pu être omis.
Fragment d'une étoffe conservée dans l'église de Nivelles (pl. CXLÏX). Nous croyons
que cette étoffe 'peut êtré attribuée aux ateliers hispano-mauresques de l’Andalousie, du
commencement du xrv8 siècle.
Petit tapis velouté (pl. CL). H Ce beau tapis, qui a 3ra,22 de hauteur sur l m,58 de
largeur, paraît remonter à la fin du xxv° siècle. On affirme qu’il a servi de modèle au peintre
vénitien Paris Bordone, pour le tapis qu’il a placé sous les pieds du doge, dans son fameux
tableau du Pêcheur de l'Adriatique rapportant Vanneau de saint Marc. On peut s’en assurer
en visitant l’École des Beaux-Arts, où se trouve une copie de ce superbe tableau.
Étoffe conservée au musée d'Utrecht (pl. CL1). — Tissu lancé croisé, fond bleu clair,
dessin blanc, jaune, rouge et vert; grain fortement accusé, comme dans le samit. Comme
on le voit, le motif consiste en trois rangées de paons affrontés et la queue fermée, comprises
entre des arabesques blanches d’une remarquable élégance. Le corps des oiseaux est,
dans le sens vertical, alternativement vert, rouge ôu jaune; leur cou est blanc; le bec, les
yeux, la crête, les pattes et l’une des longues pennes de la queue, affectent la couleur du
corps de l’animal placé au rang supérieur.
La disposition, les tons de teinture et le style de cet admirable- tissu accusent la
même école que celui de Nivelles; mais son dessin plus pur, son originalité incontestable,
dénotent une époque antérieure. Il doit'être le type d’une série de cartons, dont l’étoffe de
Toulouse est l’une des variétés.
Nous ne pensons pas être téméraires en attribuant'à l’époque florissante de la fabrication
arabo-égyptienne le magnifique échantillon du musée d’Utrecht.
Carquois et Porte-arc (pl. CLII).^- Ces deux étuis, l’un pour lés flèches, l’autre pour
l’arc, semblent l’oeuvre des mêmes mains : ils sont tous deux recouverts de velours
cramoisi, orné d’une arabesque.
Tirkech signifie carquois en persan, et c’est de 1‘Orient que ce mot nous est venu.
La planche GLIII représente un grand tapis velouté du xvm° siècle. Nous donnons aussi
, planche CLIV un spécimen d’étoffe pour tenture» lleitha, dont nous avons déjà entretenu le
lecteur.