javelines, des branches de dattier, nues e t effeuillées, qui é taient souvent très-
m eu rtrières e t qu ’il fallait éviter avec soin; après avoir lancé, l’agresseur to u rn
a it bride, e t celui qui fuyait se re to u rn a it, poursuivait e t lançait à son tour.
Les chevaux, dressés p a r l’habitude, secondaient si bien le u r maître qu’on eût
dit qu’ils p ren a ien t p la isir au jeu.
P our nous résumer, nous dirons que le gouvernement des mamlouks était
u n despotisme de d ro it divin, quoique le pouvoir souverain y fû t effectif.
Cependant, lorsqu’un prince é ta it mineur, il y avait un rég en t q u ’on appelait
Nizam-el-Molk (celui qui met l’ordre dans le royaume), et quand le sultan
s’absentait, il y avait u n vicaire ou Naib-el-Molk.
En outre, il y avait u n grand conseil ou Divan, composé du grand-vizir,
des principaux émirs, du commandeur des fidèles, des grands qâdys des quatre
sectes orthodoxes ou juges, des imans et des gens dé loi.
Le vizir était à la fois p rem ie r ministre e t surin ten d an t des finances de la
maison du soultan. Il surveillait toutes les parties du gouvernement, les agents
de l ’administration, la chancellerie, les secrétaires d ’É lat chargés des dépêches.
C’était u n officier important qui jouissait de toute la confiance du soultan. Il
devait savoir c ite r le Qorân, les anecdotes des rois e t les sentences des sages : en
u n mot, faire p a rle r le soultan avec grandeur, esprit et grâce; il devait connaître
à fond to u t le formulaire à employer, selon le rang des personnes e t les sujets
à tra ite r; il avait la haute direction des autre s fonctionnaires et de tous les
grands dignitaires : de l’inspecteur général des armées, du maître des écuries
ou connétable, des émirs cofnmandant à mille mamlouks, des émirs de la
musique g u e rriè re commandant à quarante mamlouks, e t des émirs inférieurs,
des grands officiers de la couronne e t de ceux qui remplissaient des fonctions
publiques ou pa rticuliè re s près du soultan, des officiers kavanis e t des officiers
khassekir tirés des mamlouks affranchis et faisant dans le palais l’office de
chambellans e t de gardes du corps, des eunuques du harem et des dopiestiques
libres faisant le service du sérail, des magasins du soultan, du garde-meuble de
la couronne, de la salle d’armes, e tc ., enfin des officiers de la cuisine, du
palais, des écuries, de la fauconnerie et des parties de chasse.
Le chef des émirs é ta it appelé Atabelc-el-Àsaker. Sous lui, les émirs
é ta ien t divisés en plusieurs classes. Ceux de la première classe ou émirs
Tablkhanahs étaient au nombre de 2h à 30, e t chacun commandait de quaran
te à cent mamlouks e t mille soldats de milice ; ceux de la deuxième classe,
au nombre de quarante, qui commandaient quarante mamlouks. La musique
guerrière jo u a it à la porte du palais de ces deux classes d’émirs, à l ’h eu re de
la p riè re de l’Asr : c’était u n de leurs privilèges les plus enviés. Les ém irs 'd e la
troisième classe, au nombre de dix, avaient chacun vingt mamlouks sous leurs
ordres. Ceux de la quatrième classe, au nombre de cinq, avaient chacun au
moins dix mamlouks p o u r cortège. Enfin; les mamlouks de la cinquième e t
dernière, classe, dont le nombre é ta it limité mais n ’est indiqué dans aucun
document, devaient avoir au moins cinq mamlouks à le u r suite.
Nous empruntons à l’ouvrage de M. Gobineau — Trois ans en Asie — un
résumé clair et succinct des faits e t gestes des redoutables héros de cette
république militaire qui a duré près de trois siècles :
« Au Ivaire, d it ce voyageur, le souvenir des mamlouks domine tout, ils ont
fait tan t de choses, tan t fondé de monuments, de si solides e t de si beaux! Ce
monde d’arabesques qui recouvre avec ta n t de splendeur les édifices de toute
l’Asie, eux seuls ont su le. tailler dans le m a rb re e t dans la p ie rre ; esclaves
h ier, les mamlouks, un e fois leu r sabre au côté e t le d ro it de commander dans
la main, semblent ne plus, avoir eu une seule pensée qüi fû t p e tite ; tout ce
qu ’ils ont fondé est hors de p a ir avec les oeuvres musulmanes du re s te du monde.
« Leurs rivalités sanglantes ont trouvé moyen, dans leurs plus grands excès,
d’augmenter le u r fécondité; c’est ainsi que cette mosquée d’Haçen, si gigantesque,
fut bâtie, pendant u n interrègne, p a r un p ré ten d an t qui, lu tta n t contre
son rival, maître de la citadelle, ne trouva pas tro p difficile de faire u n chef-
d’oeuvre p our se construire, sous l’apparence d’u n temple, une forteresse aussi
redoutable que celle qui est en fa c e : il ré u s sit de toute manière, c a r le rival
capitula. »
DES ARMOIRIES ARABES.
Nous ne terminerons pas ce chapitre sans je te r un rapide coup d’oeil su r les
armoiries arabes. O u tre l’in té r ê tq u is ’y a ttache au point de vue de le u r ornementation,
c’est dans la connaissance exacte des armes parlantes qu’elles renferment
e t grâce à leu r étude approfondie que l’on e st c ertain de re tro u v e r le nom des
soultans su r les édifices : nous sommes donc forcé d’en e n tre ten ir le lecteur,
mais nous aurons soin de ne pas nous laisser e n tra în e r au delà des bornes que
nous impose ce sujet.
Les historiens arabes nous apprennent que les soultans e t les émirs avaient