mamlouks, p our céder le u r emplacement e t leurs matériaux à des édifices du
Kaire : telle est la mosquée de Altoûn-Boghâ, dont nous avons pu constater les
origines. Mais; si nous pénétrons plus profondément dans les ; ohoses; Tély-
mologie de tous les noms de faubourgs, de places et de rues, nous explique
plusieurs appellations coptes, qui paraissent n ’avoir aucun sens : appellations
qui du reste ne signifiraient rien en arabe. En voici u n certain nombre :
La place de l’Esbekieh tire son nom, disent les écrivains indigènes,, d’un
émir qui y avait fait bâ tir une mosquée et un palais. C’est tout le contraire
qu’il faudrait dire : c’est l ’émir qui doit son surnom distinctif à cet emplacement
où il fit b â tir une mosquée et une habitation, car As-balci veut dire en
copte l’ancienne ville, en opposition avec celui de la ville arabe qu’on venait de
b â tir Kharoumfich, nom actuel d ’un q u a rtie r de la ville, qui n ’a aucune signification
en arabe, tandis qu’il signifie en copte : quartier de séparation.
Ainsi, Margouch veut dire lieu de garde et d’observation et Karafeit, nom du
p rincipal cimetière du Kaire, signifie le lieu de la tête, le calvaire (le cimetière
des juifs.et des chrétiens fut usurpé p our ê tre consacré aitx musulmans).
Le nom même de la ville, que les Arabes prétendent avoir é'té tiré de la
planète mars (Kahirah), sous les auspices de laquelle elle a u ra it été fondée)1 est
tout simplement le nom copte de la province Kali-i-ra, la te rre du soleil. Enfin,
les Arabes ont aussi maintenu, en dehors de la capitale, diverses appellations
coptes ou égyptiennes inutiles à énum é re r ici.
C A B -E L -O Ü N : Q A S R - E I . -C H A J I f . , ,
Le château fortifié qu'on voit encore au vieux Kaire porte aujourd’hui le
nom de Qasr-el-Chama, le château de la Cire ou .le, château des Lumières,
à cause de la fête des lampes appelée autrefois : A»X*«^rr, Makrizy. rapporte
qu’il était jadis éclairé, au commencement de chaque mois, pour indiquer aux
habitants des alentours que le soleil en tra it dans un nou v e au sig n e . On prétend
aussi qu ’au temps des Perses, un feu y était p erpétuellement entretenu.
■ Selon Makrizy, la forteresse ou le château de la Cire dominait le Nil, e t les
barques abordaient à sa porte occidentale, nommée : la porte de fer. A l’une des
extrémités de ce château, dit-il, était un Nilomètre dont la colonne subsistait
encore en l ’an 820 (1422), Ce fut p a r la porte occidentale de cette forteresse
que le gouverneur M akaukas, après avoir résisté pendant plusieurs mois au x a tta -
ques des Arabes, so rtit p our s’embarquer.
On voit encore une porte, deux tours et des murailles qui faisaient partie
de cette an c ièn # ;c o n s tru c tio n , mais ne remontent pas au delà de l ’époque
romaine, à en ju g e r p a r le u r style et p a r u n aigle Sculpté su r le fronton. Les
murailles modernes, élevées su r des vieilles substructions, enclosent u n espace
irrégulier, habité aujourd’hui p a r des Grecs e t des Coptes. Une des tours occidentales
présente trois oui “quatre étages ; le plus élevé est (soutenu p a r h u it
colonnes corinthiennes en ma rbre placées au to u r d’une espèce de puits,-au
fond dùquel'iune porte ouvre dans une-pièce carrée où l’on continue à. descendre
par un-escalier maintenant encombré. On suppose, que c’était tout à la fois le
puits e t lé Nilomètre du château, et c’est probablement de ce lieu que Stra-
bon dît :
!>■ hoc locd usque ad Nilum, jugum quoddam descendit, per quod aqua
rôtis e t'eochleis a to n tin e tra h itu r CL hominibus captivis continué opus facien-
tibus *:>'» - y
E L - Q ATA.YA.H.
A l ’avéneinent d’Ibn-Touloun, le Kaire pré sen ta it l’aspect d ’une bourgade
égyptienne, s itu é e s u r la vaste plaine, au n ord de Fostat, dans l’espace compris
entre ,1e Khalig, ïè mont Yèshkour et le vaste q u a rtie r d ’El-Asker (l’armée).-' ^
C’est su r cet emplacement que fut construit, plus tard, le p rem ie r hôpital
d ’Egypte,1 aujourd’hui détruit.
Le principal- souci d’Ahmed-ibn-Touloun fut d établir u n système de
défense pour appuyer ses, projets d ’indépendance ; puis, son palais lu i semblant
trop petit, trop mesquin e t mal situé hors des murs p o u r a b rite r ses richesses,
son harem, ses esclaves, ses armes e t ses munitions, il chercha u n emplacement
pour en faire bâ tir un, nouveau. Il ïè choisit à l’orien t de Fostat, su r le plateau
qui courait du mont Yèshkour au pied du Moqattam. Un calvaire chrétien qui se
trouvait là fut démoli et l ’on y bâtit u n e '^ M e l l e e t u n manège (Meydanjï
Ensuite Touloun distribua des lots de terrain en tre les chefs de son armée, à la
condition d’y è épstruire des habitations, et, p our donner l ’exemple, il y je ta les
fondations d’un immense palais,avéc ses vastes dépendances.
Aussitôt, tou.te cette partie se couvrit de maisons, s ’orna de palais, s’em-
bejlit de! constructions élégantes, de mosquées,)'de marchés, de caravansérails
e t de plusieurs bazars dont chacun avait u n nom spécial, si bien que ce lieu
forma, non-seulement un nouveau qua rtie r, mais une ville considérable que
son fondateur nomma El-Qatayah (les fiefs):w
1 . Voir, Traduction de L çtrome, page | p .