n i aux frontières, e t Khoma-Rouyah n ’eut plus qu ’à jo u ir de l’admirable positio
n que lui avait prép a ré e son père.
C’est alors que, pour utiliser des trésors immenses, il se livra à toutes ses
fantaisies d ’a rtiste e t de grand souverain pour les créations monumentales. Il
fit b â tir un grand nombre d’édifices, parmi lesquels nous citerons le merveilleux
pa la is, dont les écrivains orientaux nous ont dé crit les richesses avec une
emphase minutieuse : « C’était, disent-ils, u n bâtiment admirable, avec des
ja rd in s plus admirables encore; les p a rte rre s y é taient ordonnés de manière à
figurer des sentences du Qorân. Chaque tro n c d’a rb re avait son enveloppe de
enivre doré e t des conduits qui l’entouraient d ’un réseau de fontaines. A chaque
pas se révélaient des prodiges nouveaux : ici, une to u r de bois où gazouillaient
des oiseaux de toutes les parties du monde; là, des statues du prince e t de ses
femmes, habillées de riches étoffes et couvertes de pierreries, le front ceint
d ’une couronne d ’or. Plus loin, une vaste ménagerie dont chaque loge, garnie
d’un beau bassin de marbre, avait son prisonnier destiné aux combats du
cirque égyptien. Ailleurs se dressait un haut belvédère, qui dominait les jardins,
le palais, le cours du Nil e t l ’horizon du d ésert; mais la pièce la plus extraordina
ire de ce palais de féerie é ta it un bassin de cinquante coudées su r toutes les
faces et entouré d ’une colonnade dont les chapiteaux étaient d’a rgent; en place
d’eau, ce bassin contenait du vif-argent; on p eu t concevoir quel étrange effet
produisaient su r ce lac mobile les rayons du soleil bu les pâles lueurs de la
lu n e ; de temps à au tre , le prince s ’y laissait bercer, dit-on, su r u n vaste Coussin
gonflé d’a ir, que des anneaux d ’argent et des cordons de soie retenaient aux
bords.
A peine quelques guerres troublèrent-elles le repos de cet opulent sybarite.
Le khalife, auquel il envoya des présents considérables, atte stant p a r ce
tribut sa qualité de vassal, ne l ’inquiétait pas davantage, et, pour re s se rre r les
liens qui unissaient les deux couronnes, il p rit pour épouse la fille de celui-ci,
Kotzên-Nedâ (goutte de rosée), à laquelle il fit faire une réception d ’une m agnificence
digne de son p è re e t digne de lui.
Néanmoins, à la suite d ’un complot de harem, il fut assassiné à Damas,
l ’an 282 (896 de l ’ère vulgaire),, ainsi que son fils Gech, surnommé Abou-1-
Asaker (le père des soldats), et son frère Haroun. Avec eux finit la dynastie des
Toulonides.
A cette époque, dans la partie de l ’Afrique qui s’étend de Fez à Qayrouân
(des colonnes d’Hercule aux sables de Barqah), régnait en souveraine une
dynastie qui avait rompu avec les khalifes abbassides p a r un schisme à la fois
politique e t religieux : c’était celle des fatimites qui devait, à quelque temps
dedii, remplir le monde de l’éclàt de son nom. Les Êitimites p rétendaient avoir
seuls'conservé dans leu r race la légitimité souveraine; ils se disaient descendus
en droite lignée, du Prophète p a r sa:fille Fatime ; ils en avaient tiré le u r nom.
Leur chef Abou-Mokammed-Abd-Âllah, s $ g | fait proclamer khalife, l ’an
296 de l’hégire (908 de l’ère vulgaire), à Qayrouân (l’ancienne Cyrène) sous le
surnom d’EI-Mohady (le conducteur), qualification du de rnie r Iman Alide.
L’empire arabe.se désagrégeait du reste partout, à cette époque, e t de tous
côtés on voyait s’affaiblir la puissance des khalifes de Baghdad e t de Damas.
En Espagne, ,les khalifes de Cordoue (descendants des Ommiades) ne re le vaient
que d ’eux-mêmes; les princes sassanides,s’é taient emparés du Khorassân;
les Hamadamites s’étaient inféodé, la Mésopotamie; la Perse avait reconnu
pour souverains le s Bonides, e t la Syrie, en présence de la tutelle inefficace des
chefs de l ’islamisme e t des ravages des Karmates, ue savait plus quels é taient
ses maîtres.
Les Fatimites pouvaient donc te n te r de s’élever sans avoir rie n à craindre
de cette cour sanguinaire e t paresseuse ; c’est ce qu’ils firent sous leu r chef
El-Moez4e-Din-ïllah (donnant force à la religion de D ieu)|||o’était un politique
habile qui, sentant que l ’Égyple allait ê tre à sa. discrétion, ne voulut rie n liv rer
au hasard et attendit patiemment qu’elle p û t lu i .appartenir sans coup férir.
Une dynastie sans gloire avait succédé à celle des Toulonides; le secours,
sollicité par un de ces faibles vice-rois, Ahmed-Abou-l-Faouareï, fut l’occasion
de l’envoi du général fatimite Djouhar.
Housseyn combattait Ahmed-Abou-l-Faouareï; Djouhar le ba ttit, déposséda
Ahmed et, dès son entrée dans la ville qui lui ouvrit ses portes, fit c rie r la
prière au nom du khalife fatimite; le reste de l ’Égypte ainsi que -la Syrie qui
dépendait du gouvernement de Fostat, fu ren t soumis p a r Djafar, lieutenant de
Djouhar; tout pliait devant ces nouveaux maîtres.
Le premier soin de la nouvelle dynastie fut de s affermir p a r 1 o rd re et par
la protection des intérêts. Le représentant du khalife opéra les réformes administratives
indispensables, améliora l’éta t financier du pays par une répartition
plus équitable des impôts e t remplaça l’a rb itraire p a r la justice en ôtan t à la
perception des impôts ses formes odieuses. La réparation des canaux abandonnés,
la distribution plus intelligente des eaux e t une inondation exceptionnelle
du Nil ren d iren t l’abondance à l’Égypte affamée p a r de longues années
d’affreuse disette; depuis l’année 356 de l’h égire, le Nil n ’avait donné à 1 Egypte
aucune inondation suffisante ; mais l ’année 361 présenta le phénomène d un