2 ' LE G ALERA
auxquels elles se rapportent, mais dont la science proprement dite ne peut tirer aucun
secours; et, comme ce nom de Galera est tout-à-fait arbitraire, qu’il n’appartient
point à l’animal dans les p^ys api^lqi sqnt propres, gué la dénomination de cette
espèce est peut-être celle de Vatisire, que BufïoEt lui af donnée en contractant celle
de VoangrShira, j ’en aT conclu que je pouvais donner a mon espèce nouvelle ce
nom de Galera, qui me paraît aujourd’hui sans emploi bien légitime, et qui, par sa
consonnance avec celui de Taira, semble tout—a-fait convenir a une especc qui se
rapproche de cette dernière autant que deux espèces peuvent le faire. Néanmoins
il valait peut-être mieux encore abandonner ce, nom et le laisser se perdre dans le
désordre d’idées où il est plongé, que de lui donner une signification nouvelle, et
mettre par-là les naturalistes dans la nécessité d’expliquer que mon Galera n’est
celui d’aucun des auteurs qui m’ont précédé. Aussi,.'polir satisfaire à mon incertitude
, je propose de substituer à ce nom celui de Leira3 qui, par de très-bonnes
raisons, lui pourra être préféré : c’est à peu près le nom qu’on donne au Paraguay;
comme nom commun, aux espèces du genre, qui se trouvent dans ce pays.
Quoi qu’il arrive à cet égard, mon Leïra appartient à là division du genre Glouton,
formée jusqu’à présent du Grison- et du Taira. Il a le système de dentition, les
organes du mouvement, et cêitx des sens dont nous avons donné la description
dans l’histoire du Grison (liv. IV, mars 1819), et il se rapproche de la manière la
plus intime de la seconde de ces espèces. Je ferai seulement remarquer que les papilles
de sa langue étaient d’une extrême finesse, et bien moins rudes que'celles
du Grison. Cet animal était femelle. Son vagin était très-petit; on n’apercevait aucune
trace de poche anale-, et les mamelles étaient au nombre de quatre abdominales. Il
n e n o u s reste actuellement qu’à faire connaître ses caractères Spécifiques.
La longueur de son corps, du bout du museau à l’origine de la qiieue, est d’environ
dix-huit pouces; celle de sa queue est d’un pied, et sa hauteur moyenne est
de neuf pouces.
Son pelage, composé de poils laineux et de poils soyeux, est noir sur tout le
corps, à commencer des épaules, sur la queue et sur les quatre membres. La tête
et le cou sont d’un gris jaunâtre; mais le gris domine sur la tête, et les teintes
jaunes sur les oreilles. Enfin une ligne blanche transversale, assez étroite, forme
au bas du cou une espèce de demi-collier. Les poils laineux étaient sur tout le
corps entièrement fauves; les poils soyeux étaient fauves à leur base, et dans le
reste de leur longueur, de la couleur dominante du pelage.
Cet animal avait assez de douceur ; il s’était facilement apprivoisé, et se prêtait
avec plaisir aux caresses qu’on lui faisait, excepté pendant ses repas. Alors il était
continuellement menaçant, et faisait entendre un murmure sourd, interrompu de
temps en temps par des éclats brusques et aigres. On voyait que la faim et la possession
de la chair faisaient naître en lui des sentimens très-cruels.
Le Leïra avait été envoyé de la Guyanne à la Ménagerie du Roi.
Je lui conserverai ce nom La'ira, comme nom latin.
Septembre 1826.