TARI.
C ette espèce de Maki est, avec le Maki rouge, une des plus grandes de ce genre
singulier de quadrumane, exclusivement propre, comme on sait, à Madagascar et
aux îles qui en sont les plus voisines. Ces animaux, que nous ne connaissons à proprement
parler qu’en esclavage, pourraient bien avoir donné de leur naturel des
idées toutes” différentes de celles qu’on en devrait avoir., et qu’on en prendrait si on
pouvait les étudier dans leur état de nature. En effet, les Makis, sans montrer beaucoup
d’intelligence, sans témoigner d’affection pour ceux qui les soignent, semblent
généralement avoir de la douceur; leur museau fin, leurs grands yeux n’annoncent
rien de méchant, et l’on en trouve qui paraissent prendre plaisir à donner et à
recevoir des caresses. Ces signes n’ont cependant rien de certain : il n’est pas rare
de trouver des Makis d’un caractère féroce, et un Yari m’en a donné un exemple
frappant. Il était réuni à un Mongous dans la même cage, et tous deux paraissaient
vivre l’un avec l’autre, sinon affectueusement, du moins sans mésintelligence ;
lorsqu’ayant^été transportés dans une autre cage et dans un autre local, le Yari,
pendant la nuit, tua le Mongous, et le rongea jusqu’à la peau. Cette circonstance
s’accorde au reste parfaitement avec ce que des voyageurs rapportent des Varis ,* qui,
disent-ils, sont d’un naturel farouche et cruel comme les tigres (Voyage de Marseille
à Lima par Duret, p. 190 ), •
Le Vari a tous les caractères génériques des autres Makis ; c’est pourquoi nous
ne répéterons pas ce que nous avons dit de ces caractères dans les descriptions que
nous avons déjà données des Makis Mongous, à front noir, à front blanc, rouge, etc.
Nous ferons seulement remarquer qu’un des caractères communs à ces animaux,
la différence de couleur des mâles et des femelles, est confirmée par l’espèce qui
nous occupe, de sorte qu’il peut être considéré comme étant sans exception ; circonstance
importante, et qui, pour avoir été méconnue, pourrait avoir conduit à
multiplier sans fondement les espèces de Makis connus jusqu’à ce jour.
Les caractères spécifiques du Vari consistent dans ses couleurs, qui sont le noir
et le blanc ; mais-ces couleurs ne sont pas toujours réparties également. L’individu
dont nous donnons la figure présente un exemple de la distribution la plus commune
chez les mâles ; les parties blanches sont les jambes, les cuisses et une bande
transversale sur la croupe au-dessus de la queue ; les bras, depuis le coude jus-
qu aux mains, une bande sur les épaules descendant aux aisselles, la partie postérieure
de la tete, une bande sur les côtés du museau, et la mâchoire inférieure ;
toutes les autres parties sont noires. Les mâles seuls ont la tête blanche ; chez les