OURS-JONGLEUR t r è s -v ie u x .
N o o s avons donne dans la 3g«, livraison de cet ouvrage ( mars i8a3 ) la figure
d un rndmdu de cette espèce, qui, étant encore jeune, ne faisait pas bien concevoir
ce que M. Duvaucel nous disait des caractères que présentent les individus plus
âgés, et n’expliquait pas surtout l’erreur singulière où les naturalistes étaient tombés
en prenant un de ces vieux Ours pour une espèce de Paresseux.
L’mdividu dont nous donnons la figure ici lève toutes ces difficultés. A sa vue
on comprend sans peine ce qu’entendait M. Duvaucel par des'poils qui, « venant
n à se rebrousser autour de la tête, ensevelissent les oreilles sous une fourrure
Î épaisse, qui augmente considérablement le volume de la tête, et par le cartilage
« du nez qui consiste dans une large plaque presque plane et facilement mo-
« bile, etc., etc. » La tête que nous avons fait représenter de face, nous montre en
effet la grande masse de poils qui l’environne, et, jointe à la figure qui est de profil,
elle nous fait voir aussi la grande étendue du cartilage des narines. Je ne crois
pas qu aucune espèce d’Ours se présente avec des caractères aussi singuliers que
celle-ci. Toutes celles que j ’ai décrites jusqu’à présent, avaient un mufle et des
narines qui annonçaient des animaux doués d’une grande faculté olfactive mais
l’Ours-Jongleur me paraît porter la puissance de l’odoratioifbien plus loin encore ■
toutes les parties de son mufle ont une mobilité qui rappelle en quelque sorte celle
du museau du Coati, et le cartilage des narines fait l’effet de deux opercules qui
s ouvrent ou se ferment à la volonté de l’animal et en proportion de l’activité de
sa faculté odorante. Des muscles particuliers, ou plus développés que ceux qui se
trouvent chez les autres Ours, doivent nécessairement être les agens de ces organes
remarquables. °
L’erreur où Ton est tombé en prenant cet Ours pour un Paresseux, ne s’expliquerait
pas s’il s’agissait d’hommes exercés à l’étude véritable de la nature- car
cet animal a tous les caractères et toute la physionomie extérieure des Ours/lHais
ceux qui 1 ont commise ne traitaient l’histoire naturelle que d’une manière artificielle
ne reconnaissaient les animaux qu’aux caractères conventionnels par lesquels
la plupart ont été distingués, étaient en un mot sous le joug des méthodes
plus ou moins arbitraires, que réclame la faiblesse des élèves, mais que les maîtres
ne doivent plus m sentir ni porter; or, cet Ours étant, par quelque cause que ce
soit, exposé à perdre ses dents de devant, il se présente, dès qu’il est privé de ces
organes, avec le caractère distinctif des Paresseux, qui consiste en effet dans
ansence de toutes les dents antérieures, c’est-à-dire des dents incisives. Et ce qui