RHINOCÉROS DE SUMATRA.
L a figure que nbus donnons de ce Rhinocéros est la troisième qui ait été publiée;
William Bell donna la première, en 179^, dans les Transactions philosophiques,, et
M. Ilorsfield a publié la seconde dans le sixième cahier de ses intéressantes Recherches
zoologiques sur Java. Quoique l’existence de cette espèce eût déjà été indiquée par
C. Miller (Pennant, Ilist. of Quad. 1 , pag; i 5a ) , Bell ne fit point changer les idées
des naturalistes; ils continuèrent à ne distinguer que deux espèces de Rhinocéros :
celle du cap de Bonnet-Espérance, qui se caractérisait par deux cornes ; et celle de
l’Inde, qui différait de la première en ce qu’elle n’a qu’une corne. Cependant si le
Rhinocéros de Sumatra ressemblait à celui du Cap par ses cornes, il en différait par
ses incisives et par un grand nombre d’autres particularités organiques que Bell faisait
connaître. Mais, il y a trente ans, il aurait fallu des connaissances bien supérieures
à celles qui existaient, si ce n’est chez les Camper, les Pallâs, du moins chez
la plupart de ceux qui s’occupaient d’histoire naturelle, pour découvrir, dans ces
détails de l’organisation, des caractères propres à distinguer des espèces. En effet,
ces animaux se ressemblaient non-seulement par les cornes, mais encore par les
organes du mouvement et par ceux des sens : les parties ostéologiques de la tête
seules montraient leurs différences caractéristiques; et, à cette époque, les idées de
Linnæus, ou plutôt de ses successeurs, dominaient exclusivement; les parties organiques,
très-restreintes, sur lesquelles étaient fondés leurs systèmes de classification,
unique point de vue de leurs recherches et de leurs spéculations, remplissaient
tout le cercle des observations de la zoologie. On ne s’était fait aucune idée
ni de l’importance relative des organes, ni de leur dépendance mutuelle, ni des modifications
qu’ils éprouvent et des changemens que ces modifications apportent dans
leurs rapports et leur influence; et cet état de choses durerait encore sans les travaux
d’anatomie comparée, qui ont ouvert de nouvelles voies à l’observation et de
nouvelles sources à ces idées générales qui ennoblissent les sciences en les agrandissant.
C’est depuis ces travaux qu’on a pu voir et apprécier tout ce que présentaient
de nouveau les figures et les descriptions de Bell, quoique les unes et les
autres se ressentissent de l’état de la science à l’époque où elles furent publiées.
On y vit clairement que son Rhinocéros de Sumatra ne différait pas moins de celui
du Cap que de celui de l’Inde, et qu’il ne ressemblait pas non plus à celui de Java.
C’est à MM. Diard et Duvaucel qu’on doit une comparaison rigoureuse et complète
de ces Rhinocéros des îles de l’Archipel indien, et leur distinction spécifique, ainsi
que nous Aavons déjà rapporté dans notre description du Rhinocéros de Java.