LE DAMAN D’ÉTHIOPIE.
J e dois la possession de cette espèce curieuse à M. Cross, directeur de la Ménagerie
Londres> <IU1 exerce son honorable profession avec une rare libéralité
e a qui 1 histoire naturelle des Mammifères est déjà redevable de la connaissance de
plusieurs espeees entièrement nouvelles: aussi je me fais un devoir de le signaler
a la reconnaissance des naturalistes.
Les voyageurs nous ont fait connaître des Damans au cap de Bonne-Espérance, en
Abyssinie,^ dans quelques contrées des parties septentrionales de l’Afrique, et dans
celles de l’Asie qui les avoisinent; et les opinions se sont partagées sur les rapports
spécifiques de ces animaux : les uns les séparaient en deux espèces, celle du Cap
et celle de Syrie, et les autres les réunissaient tous en une seule. C’est sur cette
dernière opinion que les naturalistes paraissent s’être accordés. Sans nous prononcer
pour une opinion différente, nous pénsons que la question n’est point encore assez
eclairee pour être résolue; et que des observations plus nombreuses que celles
qu on possède sont nécessaires pour lever tous les doutes et décider si en effet
les Damans du midi de l’Afrique appartiennent à la même espèce que ceux du nord.
C est à Prosper Alpin (Hist. Mat. Ægypt. Pars, i , cap. 20, p. 80) que l’on doit
es premières indications sur ces derniers, qu’il nomme Damans, ou Agneaux d’Israël;
mais non-seulement elles sont insuffisantes pour caractériser l’espèce,-elles lé
seraient encore pour caractériser le genre. On peut en dire autant de Shaw(Toy.
t. n, p. 70),-qui ne fait, à proprement parler, que copier Prosper Alpin. Enfin
Bruce (Voyage en Abyss. t. v, pl. 29),, tout en entrant sur l’Ashkoko (nom du
Daman en Abyssinie ) dans des détails plus nombreux que ses prédécesseurs, paraît
avoir commis des erreurs qui affaiblissent beaucoup son témoignage ; car il paraît
s’etre trompé sur le nombre de doigts qu’il donne à l’animal dont il fait la description.
M. Skalt parle aussi de ce Daman d’Abyssinie sous le nom de Giké, et nous
venons ajouter quelques indications aux leurs. On n’avait du Daman d’Ethiopie
d’autre figure que celle qu’en a donnée Bruce, et que Bufifon a copiée ( Suppl. t. vi ,
pl. 4a ) ; mais cette figure, dessinée d’après une peau mal empaillée, fait prendre
de cet animal une idée très-fausse, qui ne pourrait conduire qu’à des erreurs dans
la comparaison qu’on voudrait en faire avec d’autres animaux, et surtout avec le
Daman ou Klipdass du Cap, dont Allemand et Pallas ont donné des figures qui ne
rappellent presque d’aucune manière celle qu’on doit à Bruce. Le dessin que je
publie aujourd’hui, fait avec soin d’après l’animal vivant, est de la plus exacte fidélité:
aussi trouve-t-on, entre cette figure et celle du Itlipdass, toutes les analogies qui
appartiennent à des espèces d’un même genre.