CHIEN DE POMÉRANIE.
principalement à sa partie antérieure ; car sa tête et ses membres n’ont que des
poils très-courts. Ces Chiens sont généralement blancs ; ce qui vient sans doute
uniquement de ce qu’on a mieux aimé propager en eux cette couleur que toute
autre; et on on trouve de grands et de petits, comme on trouve de grarïds et de
petits Épagneuls, de grands et de petits Levriers. Mais ce qui caractérise surtout
cette belle race est le sentiment et l’intelligence dont elle est douée. Il n’est point
de Chien plus attaché, plus soumis à son maître, et qui, de lui-même, entre davantage
dans ses habitudes, devine plus finement ses intentions, et semble mieux
comprendre toute l’étendue des signes les plus fugitifs et les plus légers. Je dis de
lui-même, car je ne le crois pas doué, au même degré que le Barbet, de l’aptitude
qui donne à celui-ci une si grande facilité pour recevoir des leçons et pour en
profiter, pour se faire, en un mot, une éducation artificielle. On pourrait voir de
la contradiction à attribuer à cet animal la faculté de comprendre la valeur des
signes qui se présentent naturellement à lui, et à ne pas lui accorder de comprendre
les signes qui lui sont offerts dans des vues particulières et dans un ordre fondé
sur des combinaisons qui nous sont propres : car quelle différence y a-t-il réellement
entre la conception des signes qui se lient accidentellement aux choses, et
celle des signes arbitrairement liés à ces mêmes choses? Tout le travail de l’intelligence,
dans l’un et dans l’autre cas, semble uniquement consister à saisir l’association
du signe et de la chose, association qui n’a rien d’essentiel et de nécessaire, soit
qu’elle se présente par le concours fortuit des événemens, soit qu’elle ait lieu par
le fait d’une volonté qui peut n’être elle-même qu’un événement fortuit. La vérité
cependant est le fait tel que je l’expose : c’est même un des faits les plus généraux
que l’étude des animaux nous présente. Non-seulement nous avons des-races de
Chiens dont l’intelligence arrive à un développement extraordinaire par la seule
influence des circonstances naturelles, et qui ne profiteraient point d’une éducation
artificielle ; mais tous les animaux sauvages sont à peu près dans ce cas : sous des
influences naturelles très-variées, nous les voyons acquérir une finesse, une pénétration,
une prudence, qui mettent souvent eh défaut celles du chasseur le plus
habile, tandis qu’on n’obtient rien ou presque rien d’eux, quand on veut les soumettre
à une volonté ou à des calculs qui leur sont étrangers ; et ce phénomène
s’observe jusque dans l’espèce humaine.
Novembre 1824*