BOUC SAUVAGE
DE LA HAUTE-ÉGYPTE.
L es naturalistes n’admettent encore que trois espèces de Boucs : le Bouquetin qui
habite nos Alpes, le Bouc du Caucase de Gudenstaedt, et l’Égagre de Pallas, qui
vit aussi sur le Caucase. L’espèce que je publie aujourd’hui fera la quatrième, car
elle ne me paraît se rapporter à aucune des espèces précédentes, comme on aurait
déjà pu le conjecturer de son origine. Bien ne serait plus étonnant en effet-que
la ressemblance prfaite d’animaux de contrées aussi différentes que le sont les
montagnes du nord de l’Egypte et celles du centre de l’Asie et du centre de l’Europe.
La séparation de l’Afrique des autres parties de l’ancien Monde, par un désert
de sable, n’a jamais pu permettre le passage d’espèces montagnardes de l’une dans
les autres; et notre Bouc d’Egypte ou de Nubie n’est certainement point un animal
de plaines : il a les penchans comme il a l’organisation de tous les autres Boucs ;
et dès. le premier jour de son arrivée dans notre. Ménagerie, poussé par son instinct,
il est monté par des .escaliers fort difficiles et des pierres entassées les unes
sur les autres comme des rochers, au point le plus élevé qu’il ait été possible d’atteindre,
et s’est élancé de ces hauteurs sans aucune hésitation et comme s’il en eût
eu une longue habitude; or, ce caractère est essentiellement celui des Boucs; il ne
m’a jamais été offert que par eux et par le Chamois, qui doit être lui-même classé
parmi les Boucs. Les Moutons et la Gazelle commune n’ont jamais montré ce penchant
à s eléver ; aucune circonstance meme n’a pu les porter à en donner le
moindre signe.
Ce Bouc était un peu plus petit que l’Égagre dont nous avons donné la figure
dans notre 5oc. livraison; et il en différait par ses cornes et ses couleurs : du reste
ces animaux se ressemblaient entièrement. Aussi renvoyons-nous à tout ce que
nous avons dit de l’Égagre, pour donner une idée des formes générales et de la
structure particulière de ce Bouc, afin d’éviter une répétition sans intérêt comme
sans utilité. Nous devons donc nous borner à exposer ce qui appartient exclusivement
à cet animal.
Il a été envoyé à Son Altesse Royale Monseigneur le Duc d’Àngoulême, par le
consul de France à Alexandrie, M. Drovetti ; il était accompagné d’un Daim qui
est mort en route, mais dont la peau et le squelette nous sont parvenus : ce qui