f • g • BALI-SAUR.
Le nom de Bali-Souar que lui donnent les Indous,• et qui signifie Cochon de
sable, exprime sans doute l’usage qu’il fait de l’espèce de'boutoir qui termine son
museau. Aussi sa ressemblance avec le Cochon le fait-il considérer,pr ces peuples
comme un animal immonde. Les deux individus de la ménagerie de Baracpour
étaient très-farouches; la femelle, moins sauvage que le mâle, montrait cependant
de l’intelligence, et permettait de lui en supposer bien davantage. Leurs mouvemens
étaient lents ; ils passaient une partie du jour ensevelis dans la paille et plongés
dans un sommeil profond. Us mangeaient de la viande, mais préféraient les fruits,
le pain ou le lait. Lorsqu’on Les irritait, ils faisaient entendre un grognement très-
particulier, leurs poils se hérissaient, et si l’on excitait davantage leur colère, ils se
dressaient sur leurs pieds de derrière et paraissaient, comme l’Ours, avoir dans
leurs bras et leurs griffes des armes non moins dangereuses que leurs dents.
Le petit nombre de caractères qui nous sont offerts par la figure du Bâli-Saur et
par la description incomplète que nous venons d’en donner, ne nous permettent
sans doute pas d’assigner d’une manière absolue la place que cet animal doit occuper
parmi les Mammifères ; mais ces caractères autorisent du moins de la fixer d’une
manière approximative; En considérant le nombre et la forme des doigts, ainsi que
le nombre et la disposition des incisives et des canines ; il serait impassible de le
réunir à un autre ordre qu’à celui des carnassiers. Sa marche plantigrade, ses ongles
épais et crochus, son peu de goût pour la chfir , le portent à la fin de cet ordre et
le rapprochent des Ours ; mais ses molaires plates et tuberculeuses, la préférence
qu’il donne aux substances végétales et aux fruits sur toutes les autres sortes de
nourriture, et son museau en forme de boutoir qui semble propre à fouir, comme
celui des Cochons, en le séparant absolument des Ours, .nous-présentent en
lui le type d’un groupe générique nouveau qui termine peut-être la série des carnassiers
et commence celle des véritables pachydermes omnivores, séparés d ailleurs
des Éléphans et des Chevaux par de si nombreux et de si împortans caractères,
qu’on serait tenté de les considérer comme formant un ordre distinct â eux seuls,
bien plus rapprochés des carnassiers qu’ils ne le sont dans la plupart des ouvrages
de classification.
Je proposerai le nom générique ÜArctonyx pour cet animal, et, pour nom
spécifique, celui de Collaris.
Septembre i 8a5.
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