GUIB FEMELLE.
De tous les animaux que l’on connaît sous les noms communs de Gazelle ou d’Antilope,
le Guib est assurém ent un de ceux qui ont le vêtement le plus riche les
proportions les plus élégantes, et la physionomie la plus agréable par l'expression de
douceur et de finesse qui la caractérise. Quoique le préjugé contraire soit très-répandu,
la beaute des formes ne se rencontre point communément chez les Gazelles : les
plus petites, telles que le Grim m , par exemple, ont la tête e t le corps également lourds •
et les Gazelles, proprem ent dites, le Kevel, le C orine, par leur museau large et obtus ’
et leur chanfrein déprimé si approchant de ce qui s’observe chez le Bouc, annoncent
une brutalité que leur naturel ne dém ent point. La tête du Guib au contraire, par ses
lignes uniformes et légèrement arquées, qui viennent se term iner à un museau mince
et arrondi, l’emporte m ême sur les Biches les plus remarquables par l’harmonie dé ses
traits. Aussi est-il bien probable que si on n ’eût connu de cette espèce que la femelle, qui
n a point de corne, on l’aurait -plutôt rapprochée des Cerfs que des Gazelles. C’est
.pourquoi nous ne doutons pas que les rapports du Guib ne soient établis tout différem
m ent de ce qu’ils l’ont été jusqu’à p résent, lorsque les Antilopes seront assez
bien connus pour qu’on ne soit pas réduit à les rassembler dans des groupes arbitraires,
comme on a été malheureusement contraint de le faire jusqu’à ce jour.
^ Ce qui, sous le rapport spécifique, fait surtout le caractère distinctif du Guib,
c est la livrée de son pelage; mais cette livrée ne paraît point être absolument semblable
sur tous les individus. Celui que Buffon a fait représenter diffère de celui
de notre Muséum, comme M. Desmarest le fait rem arquer (Mamm. p. ¿jyo, note i );
et l’un et l’autre diffèrent non-seulem ent de celui dont je donne aujourd’hui la
figure, mais encore d’un individu arrivé au Hâvre en 1825, et dont une fidèle
représentation m’a été communiquée. C’est précisém ent à cause des différences que
présentent ces quatre individus, qui viennent tous du Sénégal, qu’on ne peut songer
a tirer plus particulièrem ent de l’un d ’eux le type de l’espèce. Ils établissent seulement
que leur caractère le plus apparent v arie, et avertissent le naturaliste qu’il importe
e fixer les limites de ces variations par des observations attentives et multipliées
L individu dont je donne la figure a été amené en Europe par M. Bousquet
payeur de la marine au Sénégal; il lui fut vendu par des Nègres qui l’avaient amené
de intérieur des terres : ce qui se rapporte à ce que dit Adanson, que cet animal se
rencontre surtout dans le pays de Podor, qu’il place à soixante lieues de la m er
A ujourd’hui .1 appartient à S. A. B. Madame, dont le goût éclairé pour l’histoire
naturelle et la générosité prom ettent à cette science d ’abondantes richesses. et précieuses