CHAT DU BRÉSIL.
expérience fait de progrès, plus on en acquier , et plus on est convaincu
que la plupart des Chats dont le pelage est couvert de taches ne pourront
etre spécifiquement distingués l’un de l’autre avec clarté, et sans rien de supposé
et d’arbitraire, que quand on les aura tous étudiés, décrits et peints d’après des individus
vivans, et qu’on aura suivi et reconnu les modifications qu’ils éprouvent en
passant du .jeune âge à l’âge adulte : ce n’est qu’alors qu’on aura une idée juste de
la nature à leur égard, des distinctions réelles qui les séparent, et des caractères
positifs qui les groupent en espèces diverses. Jusque là, quelque effort qu’on fasse,
quelque pénétration que l’on ait, la vérité sera toujours obscurcie par des doutes
nombreux; et ces doutes s’afiàibliront d’autant moins que l’esprit qui les éprouvera
sera plus rigide et plus droit, et que l’on continuera à ne faire connaître ces animaux
que d’après des peaux soumises aux préparations qui doivent les conserver
ou leur rendre la forme.de 1 animal qu’elles revêtissaient. On péut difficilement se
figurer les modifications dont ces peaux sont susceptibles, à quel point ieùr élasticité
-se prête à toutes les formes. Or toutes ces modifications en apportent aux
diverses taches qui les colorent; celles qui sont droites se courbent ou deviennent
anguleuses ; celles qui sont linéaires s’élargissent; celles qui sont arrondies s’a-
longent, et leurs rapports ne changent pas moins que leurs figures : de continues
elles se divisent, deparallèles.elles forment des angles plus ou moins aigus, et celles
qui étaient perpendiculaires l’une à l’autre, deviennent parallèles, etc., etc. Plusieurs
fois nous avons insisté sur ces causes d’erreurs, et chaque travail nouveau qui a ces
animaux pour objet nous fait sentir la nécessité d’insister encore. C’est sans doute
par des observations de ce genre que s’explique la grande diversité qui s’observe,
par exemple, entre les nombreuses figures qui nous ont été données des Chats de
moyenne taille, dont le pelage présente des taches plus ou moins alongées dans le
sens de la longueur du corps, et qui avaient généralement été réunis sous le nom
d ’OcELOT ; car, quoiqu’il soit à bien dire évident que ces animaux doivent former
deux espèces, comme depuis long-temps l’avaient indiqué M. le chevalier C. Ha-
milton Smith et mon frère, et comme l’ont établi M. le prince de Neuwied ( Abbild.
naturgesch. Brasil., i " . liv.), et M. Temminck {Mong. de Mamm., t. i , pag. 144
et H 7) î >1 est évident que la diversité de ces figures serait suffisante pour faire
prendre chacune d’elles comme le type d’une espèce distincte. En effet, il y a plus
de différence entre l’Ocelot mâle et l’Ocelot femelle de Buffon (tom. xrn, pl. 55
et 36); son Jaguar de la Nouvelle-Espagne (Supp. ni, pl. 3 9 ); le Félix pardalis