DIANE, FEMELLE.
C e n’est pas sans quelque incertitude que j ’ai appliqué à ce joli quadrumane le
nom de Diane, donné par Linnæus à un singe qui avait ’avec le mien de nombreuses
analogies, mais aussi de nombreuses différences. Si ’je n’avais comparé
mon singe qu’à celui de Linnæus, je l’aurais peut-être décrit comme une espèce
nouvelle ; mais j ’ai dû le comparer à tous les autres singes qui sont regardés
comme appartenant à l’espèce de la Diane, et dès lors je n’ai pu voir, dans les
caractères particuliers qu’il me présentait, que des variations d’âge ou de sexe :
car ces autres singes diffèrent autant, de la Diane que le mien, qui est loin aussi
d’avoir avec eux une ressemblance entière. Il résulte de là que si. les rapproche-
mens qui ont été faits et adoptés pour former l’histoire de la Diane sont vrais, ma
conjecture l’est également, et que s’ils sont faux, je me suis abusé. C’est ainsi que
les erreurs nous maîtrisent quelquefois et nous forcent en quelque sorte, malgré
nous, à en commettre d’autres.
Quoi qu’il en soit, notre Diane appartient au groupe des Guenons de petite taille,
dont le n a t u r e l e s t d nm t e t la vivacité aimable et gracieuse, mais'qui n’a point encore
été caractérisé avec précision par les organes, si ce n’est toutefois par l’angle facial.
Elle me paraît se rapprocher du Hocheur ( S. nictitans, L. ) comme celui-ci le fait
du Blanc-nez ou de l’Ascagne. Tous ces quadrumanes ont à peu près la même taille
et les mêmes proportions; ils ne diffèrent que par la distribution de leur couleur,
en général assez agréablement variée.
L’animal que je décris existe depuis plusieurs années dans notre ménagerie, et à
son arrivée il ne ressemblait pas entièrement à ce qu’il est aujourd’hui. Alors, sa
tête, le dessus de son cou, ses épaules, ses bras, ses avant-bras, ses mains, son cou,
sa poitrine, son ventre et sa queue étaient uniformément noirs, mais d’une teinte
un peu moins foncée aux parties inférieures du corps et dans une bonne partie de
la longueur de la queue que partout ailleurs ; le dos et les côtés du corps présentaient
un pelage tiqueté de blanc et de noir, parce que les poils avaient de petits
anneaux noirs et blancs ; les favoris étaient tiquetés de noir et de jaune, et l’on
voyait aussi un peu de jaune dans le bandeau blanc en forme de croissant renversé
qui garnissait le front au-dessus des yeux. Quelques poils blancs se remarquaient
autour du menton, mais ils n’y formaient point ces longues barbes de l’Exquima et
du Roloway; et l’on ne trouvait de poils fauves que sous les callosités, et encore
, étaient-ils en petit nombre. Toute la figure était d’un violâtre dans lequel le bleu
dominait sur les pommettes et les joues, tandis que c’était le rouge qui l’emportait