DAUPHIN PLOMBË.
1 ET 5.
M- D ussumier, dont tous les voyages dans l’Inde et à la Chine ont été une source
de richesses, et de richesses gratuites pour l’histoire naturelle, a eu l’heureuse
pensée de faire connaître les Dauphins qu’il rencontrerait dans sa route, soit pour
signaler les espèces nouvelles qui pourraient se présenter à lui, soit pour éclairer
les naturalistes sur les parages où les espèces se rencontrent et la limite des mers
qu’elles parcourent. Peu de recherches pouvaient être plus utiles à la science; car le
temps n’est pas très-éloigné où tous les Dauphins étaient rapportés à un fort petit
nombre d’espèces, et où l’on pensait qu’on rencontre dans les mers des Indes ou
dans l’Océan Pacifique les mêmes espèces que dans l’Atlantique. La force de ces
animaux, la vélocité de leurs mouvemens, la rapidité avec laquelle ils nagent et
qui surpasse de beaucoup celle du meilleur voilier, avait généralement fait croire
qu’aucun obstacle ne pouvait s’opposer à ce qu’ils se portassent d’un pôle à l’autre,
et à cé qu’ils fussent rencontrés sur toutes les côtes et dans toutes les mers. C’est
ce qui avait été admis pour les Phoques, et ce que des observations plus exactes
ont fait rejeter. Il en sera vraisemblablement de même pour les Dauphins : le
domaine de chaque espèce sera plus circonscrit qu’on ne, le croyait communément,
et les espèces de ce genre se multiplieront à mesure qu’on en étudiera mieux les
caractères. C’est du moins ce que les derniers travaux des voyageurs font présumer,
et ce que confirment les recherches de M. Dussumier. Nous partagions l’erreur
commune lorsque, dans notre article du Dauphin vulgaire, nous avons dit qu’il se
rencontrait dans toutes les mers : il est plus que probable que cette espèce est bornée
à la partie de l’Océan qui sépare l’Europe de l’Amérique, et peut-être à la Méditerranée.
M. Dussumier nous y ayant fait autoriser, nous donnons les figures.de quelques
unes des espèces dont il a déposé les individus au Muséum d’Histoire naturelle. Ces
animaux, conservés dans la saumure, ont été dessinés avant leur dissection. Nous
tirerons des notes de ce savant voyageur les observations qui se rapportent à chacune
d’elles; et c’est à M. Valancienne que nous devons les descriptions spécifiques. Il
les a faites au moment où l’animal était tiré de la saumure, et il a bien voulu les
mettre à notre disposition ; malheureusement, la liqueur où ces animaux avaient
séjourné en avait altère les couleurs, et nous avons dû nous astreindre à les