MACAQUE A FACE ROUGE.
L a nature, dans son inépuisable fécondité, semble se plaire à former toutes les combinaisons
possibles, dans chaque système organique, entre les nombreuses modifications
auxquelles ces systèmes peuvent se prêter, et qui sont compatibles avec le
principe de leur existence. C’est ainsi que les ordres se divisent en genres, les
genres en espèces, les espèces en variétés, et que ces groupes, qui d’abord ne
semblent être que des créations arbitraires de l’esprit, des abstractions réalisées, ne
sont réellement que des faits tout aussi positifs, malgré leur généralité, que les
faits les plus particuliers dont ils se composent définitivement.
La Macaque que nous publions aujourd’hui nous présente une de ces nouvelles
combinaisons de caractères qui ne nous permet de la rapporter à aucune autre, espèce
de son genre, et qui lui donne une existence spéciale que ne ferait, sans doute,
que confirmer son étude plus particulière et la connaissance plus détaillée, plus
exacte de ses organes et de son naturel.
Sa face, si remarquable par la belle teinte rouge qui la colore, n’a peut-être point
encore d’exemple, dans la famille si nombreuse des Singes, à moins que la Guenon à
face pourpre, dont l’existence n’est même pas très-certaine, n’ait en effet la face colorée
en rouge pur. Parmi les Macaques, nous ne trouvons cette partie ainsi colorée, à peu
près, du moins, que chez le Rhésus; mais, à l’époque du rut seulement, qui, à la
vérité, dure chez les femelles de ces animaux, jusqu’au moment où elles mettent
bas, et qui reparaît dès que la lactation commence à cesser; encore la couleur rouge
du Rhésus a beaucoup plus de rapports avec le rouge du vermillon, qu’avec la teinte
pourpre de notre animal. Chez le Rhésus, ce caractère s’associe à une queue de
médiocre longueur, et chez notre Macaque à une queue très-courte et presque cachée
par les poils. Sous ce rapport, elle se rapprocherait de la Macaque de l’Inde,
que nous avons décrite et fait représenter dans la 4-oe. livraison; mais celle-ci a la
face entièrement noire ; et d’ailleurs son pelagè très-hrun diffère essentiellement de
celui de la Macaque à face rouge, qui généralement est d’un gris vineux; par là ce
pelage ressemble à celui du Maimon, espèce que nous avons fait connaître dans la
11e. livraison, plus qu’à celui d’aucune autre Macaque: toutefois ces deux espaces
ne peuvent se confondre; le Maimon n’a ni la face rouge, ni la queue très-courte.
Outre la couleur de sa face et celle de son pelage, aux parties supérieures de son
corps, cet animal a toute sa face entourée d’un cercle de poils nçirs; et son ventre,
sa poitrine, les parties postérieures et internes de ses jambes de devant, et de ses
jambes de derrière, ainsi que le bord de ses fesses, sont d’un blanc grisâtre. Les
ongles sont noirs.