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LE KEYEL GRIS,
N ou s avons eu déjà souvent occasionde faire rem arquer l’impossibilité d ’établir, dans
1 état de la science, des rapports naturels entre le plus grand nombre des rum inans
a cornes creuses et surtout de fonder ces rapports sur des caractères propres à la fois
a les rendre sensibles et à en exprimer la-valeur, à les manifester en même temps aux
sens et à la raison. Quelques exemples cependant semblaient indiquer la voie qui conduirait
un jo ur à la solution du problème : on ne pouvait méconnaître les rapports les
plus naturels entre les différentes espèces de Boeufs, entre les différentes espèces de
Buffles, entre les différentes espèces de Béliers, et ces rapports étaient indiqués, sinon
par des circonstances organiques propres à en m ontrer toute l'éten d u e, du moins
par des signes fidèles qu’aucune exception ne venait affaiblir. Ces exemples avaient
encore acquis de l’autorité par quelques faits dus spécialement aux Antilopes : ainsi
les deux espèces de Bubales s’unissaient plus intim em ent entre elles qu’avec aucune
espèce de leur nombreuse famille; il est hors de doute, d ’après les rapports de
Samuel Daniel, qu’il y a plusieurs espèces de Gnous. Nous avons m ontré l’intime
union qui existe entré le Grimm et le Guevey, et tout fait présum er qu’on aurait
trouvé des rapports d’une intimité non moins grande entre plusieurs autres espèces,
si on eût pu les comparer vivantes et dans leurs formes naturelles au lieu de le faire
dans les formes arbitraires que leurs dépouilles avaient reçues de préparateurs igno-
rans. L ’habitude de voir réunies dans un même genre des espèces très-peu semblables
a même été cause, en partie, qu’on n ’a tenu aucun compte des exemples que nous
venons de rappeler, et qu’on a mieux aimé regarder comme des variations accidentelles
du pelage les différences de couleurs que présentaient des animaux d ’ailleurs
très-semblables, que comme des signes durables d’une nature spécifique particulière.
C est sûrem ent à cette cause qu’il faut attribuer le vague qui règne encore dans la distinction
des Antilopes qui ont reçu le nom de Kevel et de Corine. Moi-même, n ’ayant
encore en ma possession, lorsque je décrivis la Corine dans la xxxvi*. livraison, que
les deux sexes d une seule de ces espèces, je me laissai entraîner par des autorités
à qui je devais toute confiance, et je n ’admis comme elles qu’une seule espèce de
Gazelle. Depuis j ’ai du reconnaître m on erreu r, ayant possédé une Gazelle mâle
qui différait du Kevel mâle par la bande des flancs d’un brun clair, tandis que ce
dernier l’a d ’un noir foncé, et que je regarde comme un mâle de Corine la femelle
publiée par m on frère, dans la Ménagerie du Muséum, ayant aussi la bande des flancs
b ru n e, et non pas n oire, comme la femelle du Kevel.
La difficulté sera moins grande aujourd’hui pour adm ettre comme espèce distincte