LE MANGUE.
A l’étoque très-ancienne, où naquit l’idée de la dépendance mutuelle de tout ce
qui existe, de 1 unité de l’univers, elle n’était qu’une simple vue de l’esprit, qu’une
création purement imaginaire. Lorsque, dans ces derniers temps, Bonnet voulut
la réduire à une échelle des êtres et l’appliquer aux productions de la nature, elle
n’acquit pas des fondemens beaucoup plus réels; et si l’on ne peut accuser ce savant
d’avoir éludé des difficultés qu’il apercevait, on peut du moins lui reprocher de s’être
laissé séduire par l’apparence de fécondité et de grandeur que cette idée présente,
etqui, au reste, lui vaut encore aujourd’hui beaucoup de partisans. Depuis, le problème
ne s’est point simplifié, en ce qui concerne les Mammifères, quoique de nombreuses
découvertes aient en lieu et qu’on ait reconnu une grande variété de combinaisons
nouvelles entre les diverses modifications dont les organes de ces animaux sont susceptibles.
Ces découvertes remplissent des intervalles qui, pour la plupart des partisans
du système de l’édielle des êtres, n’avaient jamais fait l’objet d’aucune considération;
et l’on peut juger par leur nombre tout ce qu’il y aurait à faire pour
combler les lacunes qu’on regardait comme importantes, desquelles seules on s’est
occupé, êt que, jusqu’à ce jour, aucune observation n’est venue restreindre-.
Linnæus, cherchant l'es rapports naturels des Civettes, réunissait péniblement
autour d’elles, sous le nom générique de Viverra, outre les Mangoustes et
les Genettes, les Mouffettes, les Bâtons et les Coatis, qui depuis en‘ont été écartés
pour aller rejoindre, les unes la famille des Martes, et lès autres celle des Ours.
Aujourd’hui ce groupe, si p u v r e , enrichi par de nombreuses découvertes, s’est
divisé lui-même en plusieurs genres, presque inséparables, tant leur union ¡st intime
et naturelle. On passe des uns aux autres d’une manière en quelquè'sorte insensible;
et, ce qui est remarquable, c’est que les espèces qui se trouvent les plus
éloignées des Civettes, les Ictides, s’unissent presque aussi intimement aux Bâtons
qu’aux Paradoxures, comme nous l’avons dit en donnant la description du Bentu-
rong, et comme nous l’avions déjà établi dans notre ouvrage sur les dents. Quelque
grande que soit cependant l’union de ces genres, elle n’est pas telle que la nature
ne puisse produire encore de nouvelles combinaisons -dans les parties importantes
de leur système organique, et conséquemment des genres nouveaux qui viennent
s mtercaller entre les premiers. En effet, l’animal dont nous donnons aujourd’hui
la description, nous présente un nouveau système de combinaison des organes supérieurs
de la famille des Civettes. Sa physionomie générale rappelle celle des Mangoustes
plus que celle d’aucun autre genre de la même famille; cependant il a des
formes plus ramassées, sa tête est plus arrondie et le prolongement de son museau