RENARD ROUGE.
P resque tous les voyageurs dans l’Amérique septentrionale, qui se sont occupés
d'histoire naturelle, parlent de cette espèce de Eenard, soit en la distinguant par
un nom particulier, soit en la confondant avec notre Renard commun, duquel en
effet le Renard rouge se rapproche plus que d’aucun autre; mais ce qu’ils en rapportent
est tellement indéterminé que, jusqu’à ces derniers temps, on a douté de
son existence ; et ses caractères spécifiques, aujourd’hui même, n’ont rien de précis
et d’absolu ; c’est que les Renards paraissent généralement changer de pelage suivant
les saisons, et que, pour éviter toute confusion dans la distinction des espèces, il faut
les avoir fait connaître dans leur pelage d’été et dans leur pelage d’hiver.
C’est à M. Palissot-fieauvois que nous*devons les premières notions un peu claires
sur cette espèce de Renard (Rulletindes Sciences parla Société philomatique, t. II,
p, ) ; et il fallait peut-être comparer immédiatement cette espèce à la commune,
pour apprécier toutes les différences qu’elles présentent, et tous les caractères par
lesquels elles se distinguent. Nous devons ’de pouvoir établir cette comparaison à
M. Milbert, qui a envoyé le Renard rouge à la ménagerie du Roi ; et, pour la rendre
complète, nous donnerons successivement les figures des deux espèces, faites à la
même époque, dans deux saisons différentes, c’est-à-dire, en hiver et en été. Nous
avons déjà donné celle du Renard commun dans son pelage d’été ; nous donnons
aujourd’hui celle du Renard rouge dans celui d’hiver : l’une fut faite au mois de
septembre, celle-ci l’a été au mois de février.
\Le Renard rouge, dans son pelage d’hiver, a toutes les parties supérieures du corps
d’un roux foncé très-brillant et très-pur; seulement la teinte de la tête est plus pâle.
La queue, rousse aussi, est glacée de noir, à cause de l’extrémité de ses poils qui
a cette dernière couleur. Le bord de la mâchoire supérieure, toute la mâchoire
inférieure, la gorge, le cou, la poitrine, la face externe des cuisses et des jambes de
derrière, le ventre et le bout de la queue sont blancs. Sous le cou et sur la poitrine,
quelques poils noirs sont mêlés aux poils blancs, et la partie blanche du ventre est
très-étroite. La face antérieure des oreilles est jaune, et leur face extérieure noire,
excepté leur base qui a la couleur de la tête. Les pieds de devant sont noirs antérieurement
et fauv.es postérieurement. Ceux de derrière ont le tarse noir en avant,
et fauve en arrière, avec une tache noire sur le talon.
Tout ce pelage est très-épais sur le corps, et composé de poils soyeux et de
poils laineux, excepté sur la tête et les membres, où les poils sont généralement
courts et d’une seule nature. Ceux de la queue sont perpendiculaires à son axe, ce