TAPIR D’AMÉRIQUE.
L orsque les Européens Virent pour la première fois.le Tapir d’Amérique, ils
trouvèrent des analogies si singulières entre cet animal et les espèces qu’ils connaissaient^
mieux, qu’on devrait en être surpris, si l’on ne connaissait pas l’influence
des. idees acquises sur les idéès nouvelles, .chez ceux qu’une expérience éclairée né
dirige pas. Us y virent un Mulet;'., un Ane, une Yabhej même un Élan ; ' et c’est
exactement ainsi que le commun des hommes juge encore les animaux inconnus
quil rencontre dans nos Ménageries. Le fait est que le Tapir est un animal d’un
genre particulier qui, par ses formes épaisses, rappelle la physionomie générale du
Cochon plus que celle A ’aucun autre Mammifère, et néanmoins il s’éloigne considérablement
de cet animal par les détails de son organisation.
Le Tapir a quârante-deux dents, vingt-deux à la mâchoire’ supérieure (six incisives,,
deux canines et quatorze mâchelières), et vingt à l’inférieure (six incisives
deux canines et douze mâchelières). Les incisives sont tranchantes, excepté les
plus voisines des canines, à la mâchoire supérieure, qui sont aiguës comme celles-ci.
Les mâchelières présentent deux collines transversales séparées-par un sillon; ius-
qu’à leur bord interne, où une.crête unit ces deux collines. La première mâche-
hère supérieure .présente seule une exception : elle n’est qu’une dent rudimentaire.
(Des Dents considérées comme caractères zoologiques, pag. 216, planche lxxxvui.)
Les organes du mouvement consistent en quatre membres de longueur à peu près
égalé et très-épais; les antérieurs ont quatre doigts, trois principaux qui posent
sur Lp soi ; dans da marche, et un rudimentaire à leur fece externe; les postérieurs
ont quatre doigts complets; les uns ët les autres sont garnis A leur
extrémité d’un vrai sabot pointu, sur lequel porte le corps de l’animal dans tous
ses mouvemens. La queue est très-courte et tout-à-fait rudimentaire. L ’oeil
est petit, et sa pupille est ronde; il ne présente d’ailleurs aucune particularité.
Les oreilles sont grandes, en cornet;, ovales; mais leur structure interne est
fort simple. La langue est très-douce et très-extensible. C’est le nez qui, de tous
les sens, est le plus remarquable par sa structure : il se prolonge en une sorte de
trompe très-mobile, que l’animal porte sur tous les corps pour en reconnaître
l’odeur; mais elle ne lui sert point, comme, celle de l’Éléphant, d’organe: de préhension,
et pour porter ses alimens à sa bouche ; il prend directement, sa nourriture
avec sa gueule , et boit en humant; pour cet effet il relève sa trompe; elle ne
prend pas non plus de part à sa voix ; aussi est-elle bien moins une trompe qu’un
boutoir prolongé. L ’orifice des narines n’est point entouré d’un muffle. Les poils