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DOUC.
C e t t e espèce de Semnopithèque est une des plus remarquables par la variété et le
brillant de ses couleurs; elle semble réunir celle de toutes les autres : sa queue, sa
croupe, ses jambes de devant et ses favoris sont blancs comme l’Entelle; ses jambes
de derrière fauves comme le Cimepaye ; ses cuisses noires comme le Tchincou, et
son corps gris comme le Croo. Ce qui lui appartient exclusivement est le jaune pur
de sa face : elle est de la plus grande taille; et sa physionomie, ses proportions
générales sont, ainsi que ses organes, celles de tous les autres SemnopithèqueSi
C’est à tort que quelques auteurs ont dit qu’elle était privée de callosités aux fessesi
Cette ressemblance entre les espèces d’un mêm’C genre, quand les genres sont
naturels, et l’idée de simplicité qui en résulte et qui s’accorde si bien avec celle que
nous avons de la puissance, de la grandeur, est l’origine de plusieurs systèmes qui
ont eu pour objet de rapprocher les êtres de telle sorte, qu’on ne vît plus dans leurs
différences que les modifications d’une simple et unique pensée.
Il est certain, qu’à l’observation des genres naturels, on est d’abord frappé de la
faiblesse des caractères qui séparent quelquefois leurs espèces l’une de l’autre. A
proprement parler, il n’y a souvent entre elles que des nuances; car c’est presque
toujours par les couleurs qu’elles se distinguent; et lorsqu’elles • diffèrent aussi par
les formes, c’est si faiblement qu’on peut dire encore qu’elles ne le font que par de
simples nuances.
Il n’en est pas de même, à beaucoup près, pour les divisions supérieures, pour
les rapports qui unissent les genres, les familles, les ordres, etc. Le passage insensible
de l’un à l’autre ne peut plus résulter de l’observation immédiate; cette relation
consiste entièrement dans une vue créatrice de l’esprit, et est, pour l’ordinaire,
le produit de quelque grande conception, au moyen de laquelle on supplée à ce que
les faits ne donnent pas, ou par des suppositions basées sur des analogies plus ou
moins positives et évidentes, ou par de pures abstractions.
Toutes les tentatives qu’on a faites pour appuyer ces systèmes sur de simples
analogies ont été sans succès. On ne pouvait, en effet, arriver par cette voie à passer
d’un organe existant à un organe qui n’existait pas : il n’y a point d’intermédiaire,
de nuance, entre être et n’être pas. À la vérité on supposait que des faits
cachés, qui viendraient à se découvrir, lèveraient un jour cette difficulté ; mais en
physique, un système qui ne repose que sur un avenir incertain et des espérances
éloignées, ne peut durer qu’autant qu’on n’en examine pas les fondemens; aussi la
faiblesse de celui-ci fut bientôt sentie, et c’est alors qu’on chercha dans le raisonnement
ce que n’offrait point l’observation directe.