8 ÉLÉPHANT D’ASIE.
des barres qu’on place en travers : on prend-ses pieds dans des noeuds coulans; un
homme va par derrière' lui enlacer les jambes’; d’autres hommes, places sur des
échafauds, lui prennent la tête et le corps dans de grosses cordes, et I on donne
à tenir ces cordes â des femelles apprivoisées qui ne tardent pas a se rendre maîtresses
de l’Éléphant et à dompter sa fureur. . . .
„ Il ne faut pas tant de préparatifs pour prendre les Éléphans isoles ; comme ce
sont toujours des mâles chassés de leurs hardes, on envoie immédiatement des
femelles apprivoisées, dressées-pour cet usage-, qui lès entourent en ayant an e
paître avec eux. Des'hommes passent entre les jambes de ces femelles, pour venir
lier celles de l’Éléphant sauvage ; -s’il arrivait quelque' décident, ils se hâteraient de
monter sur le dos des femelles, au -moyen d ’ é c h e l l e s de cordes menageesu-cet eüet,
et de s’enfuir; mais ordinairement ils parviennent à lier l’Éléphant e t a 1 attacher
à quelque gros tronc d’arbre. - *- ' . , „
a De quelque manière que les Éléphans aient été pris, leur éducation est la meme.
On les livre chacun à ün gardien assisté de quelques valets qui les habituent a
l’esclavage, par un mélange de caresses et de menaces, en les grattant avec de longs
bambous, en les aspergeant d’eau pour les rafraîchir, en leur donnant ou refusan
à propos la nourriture. Quelquefois aussi ils emploient les châtimens,? eUes frappent
avec des bâtons’ garnis d’une pointe de fer. Le maîtte s’en approche anî^par degres
iusqu’à ce qu’enfin l’Éléphant lui permette de monter sur son cou , d o t f dparvient
bientôt à diriger à son gré tous ses mouvemens. 11 faut environ six mois pour en
venir à ce point de docilité ; cependant on ne peut jamais-Vÿ fier entièrement, et
lorsqu’un-Éléphant veut-s’enfuir, tous les efforts de son conducteur ne peuvent
l’arrêter. Les mâles, surtout€ëux qui ont été pris-isolément, sont toujours moins
traitables,et -exigent plus-de sévérité' que les femelles. ’ • . - '
« On a dit que l’Éléphant a tant de mémoire, que lorsqu’il est échappé une lois de
l’esclavage, il ne se laisse reprendre dans aucune' embúche. Les auteurs les plus
récens' citent des exemples contraires. " '
« Cet animal est un des plus utiles que l’homme ait domptés ; sa force est .prodigieuse
i il porte jusqu’à deux milliers;' il tire des fardeaux que six chevaux pourraient'ë^
eine ébranler; il fait, sans fatigue, quinzeou vingt lieues par jour, et
lorsqu’on le-presse, il en fait plus de trente. Il joint à ces avantages tous^ceux qui
résultent de son jjitelligence; comme de retrouver seul son chemin, d’imaginer
de» ressources dans les embarras, et ceux que lui donnent son adresse et la forme
heureuse de sa trompe. Tout le monde sait qu’on l’employait autrefois à la guerre,
qu’on tè chargeait de''Soldgts; et qu’on lui assignait une place-importante dans les
batailles;;, mais il craint trop le feu pour qu’on puisse aujourd’hui en faire le meme
usage; il ne sert plus qu’au transport des vivres et de l’artillerie.
V Sa consommation est proportionnée à son utilité ; un Éléphant privé mange cent
livres de riz par jour, à quoi il faut ajouter de l’herbe fraîche, des fruits, et meme
du beurre et du sucre; celui qui a vécu à la ménagerie de Versailles, a la fin du
dix-septième siècle, recevait chaque jour quatre-vingts livres de pam, douze pintes
de vin, deux seaux de potage; deux de riz cuit dans l’eau, et une gerbe de ble.
L ’éléphant aime heaucoup toutes íes liqueurs spiritueuses, et c’est en lui en montrant
qu’on parvient àde déterminer aux plus grands efforts.
- « Les deux Éléphans qui vivent à la Ménagerie du Muséum ( i8 o 4 ) , consomment
chacun cent livres de foin, dix-huit livres de pain, quelques bottes de
carottes et quelques mesures de pommes de terre, sans compter ce que les curieux