LE FER-A-CHEVAL,
0 0 RHIN0L0PHE BIFER.
L a Chauve-souris, qui a reçu le nom de Fer-à-Cheval, nous présente une des
modifications organiques les plus extraordinaires de la classe des Mammifères, et par
sa forme et par sa situation, et même par l’ignorance absolue où nous sommes encore
de ses rapports avec les divers systèmes d’organes et les besoins de l’animal : je veux
parler de l’appareil membraneux .et compliqué qui s’observe à l’extrémité du museau,
et qui enveloppe les narines. La conjecture la plus naturelle sur son objet,
c’est que cet appareil remplit, à l’égard des émanations odorantes, les fonctions
de la conque auditive à l’égard des sons ; mais si la première induction conduisait à
cette idée, un examen plus attentif la faisait bientôt modifier : car il n’y a rien dans
la forme pyramidale, et dans les plis et les saillies des membranes dont cet appareil
singulier se compose, qui puisse produire les effets d’une conque, et réunir au point
où ils peuvent être perçus, c’est-à-dire aux narines, les.odeurs éparses qui frapperaient
sa surface, comme la conque de l’oreille, dans ses formes normales, peut
rassembler les sons à l’orifice du canal auditif. Cependant cette membrane nasale,
sur la nature de laquelle règne encore la plus profonde obscurité, et qui dans tous
les cas ne peut être jusqu’à présent considérée que comme une dépendahce assez
secondaire du sens de l’odorat, est devenue, non pas seulement la figure, le symbole,
mais un des caractères essentiels d’un genre qui paraît d’ailleurs être fort naturel.
Long-temps les caractères génériques, en mammalogie, ne furent, comme celui-ci,
que de simples résultats empiriques; mais ils devinrent rationels dès que la zoologie,
s associant aux sciences anatomiques et physiologiques, sentit le besoin et la possibilité
de connaître la part que prenaient à l’existence les organes dont elle se servoit
pour établir la distinction et les rapports des êtres animés; et il en est déjà plusieurs
qui ont subi cette espèce de contrôle. La membrane nasale de certaines Chauve-
souris est une des exceptions qui restent encore; ce qui nous porte à insister, afin
qu on le remarque, et qu’elle devienne un sujet de recherches pour la science.
Le Fer-à-Cheval est une Chauve-souris d’assez petite taille ; celui dont nous donnons
la figure était encore jeune; cependant le développement de ses dents et de ses
sens était complet, s’il n’avait point encore acquis toute sa taille. Il mesurait environ
deux pouces depuis l’extrémité du museau jusqu’à l’origine de la queue, qui avait
dix lignes. L envergure était de huit pouces environ, et les plus grands individus
n atteignent qu à quelques lignes de plus. Nous l’avons représenté de profil en (a),.
de face en (à), suspendu dans son état de repos en (c), et l’on a sa membrane
nasale tres-grossie en (d') et (e). On voit que cet animal diffère beaucoup par sa physionomie
de la Barbastelle et de la Noctule, dont nous avons donné les figures dans les