
 
		quelques jours  à  celle  du  Muséum  d’histoire  naturelle.  C’était  un  animal  grossier  
 et méchant,  dont  les  cornes  étaient  très-dangereuses,  comme  le  sont  toutes  celles  
 dont  les pointes  sont  dirigées  en  arrière  :  car  il  est  remarquable  que  tous  les » animaux  
 armés de  cornés  savent  de  quelle  manière  ils  doivent  frapper  pour  faire  le  
 plus  de mal.  Aussi  le  Bubale,  comme  les Gnous,  comme  les  Chamois,  comme  les  
 Boucs,  pour  diriger  les  pointes  de  ses  cornes  en  avant,  abaisse  sa  tête  entre  ses  
 jambes,  et  quand  il  est  à  portée  de  frapper,  il  la  relève  subitement,  et  de  la  
 sorte  déchire  comme  le  Sanglier  avec  ses  défenses;  un  des  caractères  les  plus  
 remarquables de  cette  espèce  est  la  grande  hauteur  du  train  de  devant  comparé  à  
 celui  de  derrière.  Sa taille  est à peu près celle du Cerf commun,  et  tout son pelage  
 ras  et  serré  est  d’un  fauve  roussâtre ;  il  faut  cependant  en  excepter  la  queue  qui  
 descend jusqu’au  jarret  et  qui  est  terminée  par  une  mèche  de  longs  poils  noirs.  
 L’iris  est  jaune-rouge.  Le  sternum  paraît  être  garni  d’une  callosité,  sur laquelle  
 l’animal  s’appuie quand  il  se  couche.  Les  cornes  sont  noires,  annelées dans  la  plus  
 grande  partie de  leur  longueur,  et  elles  ont  une  double  courbure  :  la  première,  
 celle.de  leur  base,  est  concave  en  avant;  celle  qui  vient  après  est  convexe,  et  
 elles  se  terminent  en  arrière;  elles  naissent  assez près  l’une de  l’autre  et  vont  en  
 s’écartant  dans  la  plus grande  partie  de  leur  longueur,  et  se  rapprochent  un  peu  
 par  leurs  pointes.  11  n’y   a  que deux mamelles. 
 J  Les  anciens  connaissaient  très^-bien  le  Bubale ;  c’est d’ëux que nous  avons pris ce  
 nom.  On  le trouve  déjà  dans Aristote  pour  désigner  un  animal  armé  de  cornes  et  
 très-léger  à  la  course  (Traité des  Part,  des Anim.,  liv.  III,  ch. n).  Pline  l’emploie  
 dans  le même  sens  (Hist.  nat.,  liv.  VIII,  ch.  xv),  et Oppien  semble  le  caractériser  
 par  la  direction  dé  la  pointe  de  ses  cornes  (De Venatione,  liv.  II)ï  Cependant  il  
 n’est pas certain qu’ils l’aient donné au même animal que nous , et l’on peut s’étonner  
 que  Linnæus  l’ait  conservé  au  Buffle,  auquel  il  n’a  jamais  pu  appartenir,  comme  
 l’avait  déjà  fort bien  établi Gesner. 
 Les  naturalistes modernes,  tout  en reconnaissant que  le  Bubale des anciens  (Bu-  
 balus  Aldrovaiid. )  était  un Antilope,  et que  cet  Antilope  pouvait  êtreda  Vache de  
 Barbarie décrite et figurée par Perrault (Mémoires pour servira l’Hist. nat. des Anim.,  
 pagi- 2o 3 ) ,   ne  le distinguèrent pas nettement des  espèces voisines,  et le confondirent  
 surtout  avec  le  Caama  du  cap de Bonne-Espérance,  autre Antilope  auquel  les Hollandais  
 ont donné le nom de Cerf. Cette erreur a été commise par Buffon, Allamand,  
 Pallas,  Gmelin.  C’est  ce  qu’a  bien  établi mon  frère  dans  la Ménagerie du Muséum  
 d’IIistoire  naturelle  (édition  in-12,  t.  I ,  pag.  346),. en donnant  la  description  du  
 Bubale, que nous publions de nouveau,  et en montrant que le Caama a des caractères  
 très-marqués  qui  lui  appartiennent  exclusivement. 
 Jusqu’à  présent  on n’a  reconnu  le  Bubale  que  dans  les parties septentrionales de  
 l’Afrique,  et. surtout vers  le  désert ;  ainsi  c’est la  seule patrie  qu’on  puisse aujourd’hui  
 lui  assigner. 
 Les  meilleures  figures  qu’on  en  ait  eues  sont celle  de  Perrault,  que  nous  avons  
 déjà  cité,  et  celle  qui  se  trouve  dans.le  sixième  volume des  supplémens de  Buffon,  
 planche  x iy . 
 Cette  espèce  porte  le  nom  $  Antilope  Bubalis  dans  les  catalogues méthodiques. 
 Septembre