ENTELLE VIEUX.
G ’ést un clés incoïivénieris, mais une des nécessités cle l’histoire naturelle, que
d’étudier et de faire représenter les animaux aux différentes époques de leur vie.
Les différences de formes ou de couleurs, dans le jeune âge et dans la vieillesse,
sont quelquefois telles chez les Mammifères y qu’il serait impossible de reconnaître
le même individu dans les caractères qui lui sont propres à Ces deux âges, et de
ne pas faire de ces caractères ceux de deux espèces. Outre ce fâcheux effet, qui
aurait pour résultat de mettre la confusion dans les principes mêmes de la science,
en négligeant d’étudier les changemens qui surviennent dans le développement successif
des organes, nous nous priverions encore des lumières les plus propres à nous
éclairer sur la science de la vie et sur les lois auxquelles la nature a soumis plus ou
moins rigoureusement tous les êtres dont la destinée est de naître, de croître et
de mourir. Ces changemens, que l’âge amène, se lient à des causes et à des effets
d’un ordre supérieur et concourent à l’harmonie générale, quelquefois d’une manière
fort remarquable*
Un de ces changemens singuliers par son importance , que les Singes nous présentent,
et dont l’Entelle nous offre aujourd’hui l’exemple, est celui qui survient, à
mesure que ces animaux quittent le jeune âge, dans la forme et les proportions de
leur tête, mais principalement dans l’étendue de leur capacité cérébrale.
Pendant la jeunesse et surtout l’enfance, l’Entelle', comme nous le montre la
figure que nous en avons donnée dans notre 20e. livraison, a le museau très-peu
saillant, son front est assez large et presque sur la même ligne- que les autres parties
de sa face , le crâne est élevé, arrondi, et renferme un cerveau qui a la même
étendue que lui. A ces traits organiques se joignent des qualités intellectuelles très-
étendues ; une étonnante pénétration pour concevoir ce qui peut leur être agréable
ou nuisible, d’où naît une grande facilité à s’apprivoiser par les bons traitemens, et
un penchant invincible à employer la ruse pour se procurer ce qu’ils ne pourraient
obtenir par la force, ou pour échapper à des dangers qu’ils ne parviendraient pas à
surmonter autrement. Au contraire, l’Entelle très-adulte que nous donnons aujourd’hui,
d’après un dessin qui nous a été eifvoyé par M. Duvaucel, n’a plus de
front; son museau à acquis une proéminence considérable, et la convexité de son
crâne ne rious présente plus que l’arc d’un grand cercle, tant la capacité cérébrale
a diminué^. Aussi ne retrouve-t-on plus en lui les qualités si remarquables qu’il nous
offrait auparavant. L’apathie a remplacé la vivacité et la pénétration ; le besoin de la
solitude a succédé à la confiance, et la force supplée à l’agilité et à l’adresse. Ces différences
sont si grandes, que dans l’habitude vicieuse où nous sommes de juger des ac-
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