LE BELZËBUTH.
C ette espèce de quadrumane américain a les plus grands rapports avec le Coaïta et
leCayou, que nous avons faitconnaître dans nos 5' et 5ç)' livraisons. C’est comme eux
une espèce de genre Atèle. Dès le milieu du siècle dernier, Brisson (Règne animal,
page 211), dont l’ouvrage sur les Mammifères a été trop négligé, donna, sous le
nom de Belzébuth, une description fidèle de cet animal ; mais immédiatement après
ce quadrumane fut méconnu et oublié; et ce ne fut qu’en 1806, que M. Geoffroy
Saint-Hilaire (.Annales du Mus., t. vu, p. 260), le distingua de nouveau de ses congénères,
qui, jusqu’alors, avaient été réunis aux Sapajous, et dont il forma, sous le
nom d’Atèle, un genre parfaitement caractérisé par l’ensemble et les proportions
des organes, comme par le naturel et les moeurs.
Nous avons fait connaître ces organes en donnant la description du Coaïta, et
nous sommes entré dans quelques détails sur les moeurs en traitant du Cayou; il ne
nous reste donc qu’à parler de ce qui est plus particulier au Belzébuth.
C est, suivant M. de Humboldt, un des Singes le plus répandus dans la Guyane
espagnole, où ne paraît point se trouver le Coaïta. Les Indiens de l’Orénoque, qui
le font entrer dans leur nourriture, le nomment Marimonda, et, ajoute M. de Humboldt,
« c est un animal lent dans ses mouvemens, d’un caractère doux, mélancolique
et craintif. C est dans ses accès de peur qu’il mord, même ceux qui le soignent;
il annonce cette colère passagère en rapprochant la commissure des lèvres pour faire
la moue, et en poussant un cri guttural ou-o. Lorsque les Marimondes sont réunies
en grand nombre, elles s’entrelacent deux à deux, et forment les groupes les
plus bizarres : leurs attitudes annoncent une paresse extrême.. . . Nous les avons
vues souvent exposées à l’ardeur du soleil, jeter la tête en arrière, diriger les yeux
vers le ciel, replier les deux bras sur le dos, et rester immobiles dans cette position
extraordinaire pendant plusieurs heures. »
Le Belzebuth que nous avons fait représenter était une femelle, jeune encore,
mais adulte. Lorsque nous le reçûmes, les parties supérieures de son corps étaient
d un noir grisâtre, et les inférieures blanchâtres. Six mois après, les premières étaient
d un noir beaucoup plus foncé, et les secondes n’avaient éprouvé aucun changement;
c est dans cet état que nous l’avons fait peindre. En effet, le sommet de la tête, la
nuque, le dos, les épaules et les flancs, le dessus des membres, le dessus de la
queue et les quatre mains sont noirs; les côtés de la tête, le dessous du cou et de