MACAQUE A FACE NOIRE.
J u s q u ’ à présent l’espèce du Macaque de Buffon, que nous avons décrite dans notre
3e. livraison (Février 1819), restait dans une sorte d’isolêtafént au milieu de tous
ses congénères, et à cet égard il différait du Toque qui s’unit intimement au
Bonnet-Chinois, de la Macaque de l’Inde qui se lie sans intermédiaire à la Macaque
à face*rouge, du Maimon et du Rhésus qui ont assez de points de ressemblance
pour qu’on n’aitpas toujours su les distinguer. Cette espèce se trouvait dans les
mêmes cas que le Magot et l’Ouanderou, dont les caractères principaux ne se sont
encore montrés avec aucune modification spécifique. Il n’en sera plus de même à
l’avenir : le Macaque à face noire s’unit naturellement au Macaque proprement dit,
car il ne semble guère en différer que par le trait sous lequel nous le désignons ;
on sait en effet que le Macaque a la face d’une couleur tannée.
Cette espèce nouvelle paraît très-rarement en Europe aujourd’hui, et si elle s’v
est montrée plus fréquemment autrefois, lorsque les idées sur la valeur des caractères
spécifiques étaient beaucoup moins précises qu’à l’époque actuelle, on aura
pu la confondre avec l’espèce de laquelle nous la rapprochons. On sait d’ailleurs
P?r ce que nous ^ avons fait voir, tout ce qui régnait de confusion dans la synonymie
de celle-ci, dont l’existence n’a même pris quelque fondement que depuis la*
description et la figure qu’en ont données Buffon et Daubenton. Nous devons même
relever une erreur- que nous avons commise à son sujet, en admettant l’origine
africaine qui lui avait été donnée par ces auteurs célèbres; elle est du midi de
l’Asie, et particulièrement de Sumatra, comme nous l’avions déjà indiqué en faisant
connaître la distribution géographique des Macaques, dans la description de la
Macaque de l’Inde de notre 49e- livraison (Avril 1825). Je ne l’ai encore vue que
deux fois, et j ’ignorerais les contrées qui lui sont naturelles, si M. Alfred Duvaucel
ne me l’avait appris en me l’envoyant de Sumatra comme l’autre.
Ainsi s’avance graduellement la science de la nature, et se multiplient les preuves
de son immensité ; ainsi s’accomplissent en quelques points ces combinaisons infimes
des modifications organiques, conclues par induction des phénomènes connus,
mais admises trop tôt comme réelles, si on en juge par l’indifférence qui en est
résultée pour les faits matériels et les recherches positiyes; car quel est le nombre
de ces phénomènes liés l’un à l’autre d’une manière absolue, en comparaison du
nombre de ceux que rien ne rapproche encore? C’est ce qu’une parole humaine ne
peut dire, tant le premier est limité et l’autre sans bornes.
Ce Macaque à face noire, en effet, a un pelage presque en tout semblable au