LE MARSOUIN.
Nous ne répéterons point dans cet article ce'que nous avons dit en dqiinant la
description du Dauphin sur les organes du mouvement, ceux des sens * et ceux de
la génération. Le Marsouin et le Dauphin ont, à cet égard, la plus grande ressemblance.
Néanmoins, quoique réunies dans le même genre, ces deux espèces diffèrent
par des points très-importans. Sans doute le nombre de§/dents ne paraît pas
être un caractère fondamental chez les Cétacés, toutefois ce ne peut être que dans
certaines limites ; et les Marsouins ont la moitié moins dé dents que les Dauphins.
Ces dents > chez les premiers, sont comprimées latéralement, plus larges au sommet
de leur couronne qu’à leur partie moyenne, et tranchantes; tandis que chez*'les
seconds, elles sont coniques, minces, pointues, et recourbées d’avant en arrière de la
mâchoire : d’un autre côté, le Marsouin a le museau uniformément terminé par une
ligne courbe, qui n’est que la continuation de celle que suit la partie postérieure
ou cérébrale de sa tête; et le Dauphin a un museau prolongé en forme de bec,
distinct de cette partie postérieure.
Malgré ces différences, il paraît, à en juger par le peu qu’on connaît des moeurs
de ces animaux, qu’ils ont des penchans et un naturel très-semblables.
Le Marsouin est généralement couvert d’un lard de plusieurs pouces d’épaisseur,
ce qui lui a valu, dans les langues d’origine germanique, le nom de Mer-Schwein,
qui signifie cochon de mer, et duquel le nom de Marsouin est une dérivation. C’est
principalement par sa graisse qué cet animal est recherché ; sa chair, qui en est
imprégnée, ne sert de nourriture qu’aux habitans des régions polaires, pour qui les
huiles de haleine sont elles-mêmes des boissons agréables.
Cette espèce paraît être répandue dans les deux Océans; mais c’est principalement
des troupes qui habitent près de nos rivages et dans nos mers boréales que nous
avons tiré les faibles notions qui forment leur histoire.
On sait qu’ils vivent en troupe, que leur agilité est fort grande j qu’ils aiment à
se jouer à la surface des flots quand le ciel est pur et la mer tranquille, et qu’ils ne
redoutent point les plus grandes tempêtes : souvent alors on les voit s’exposer à
l’agitation des vagues et en suivre tous les mouvemens, quand ils seraient libres de
chercher à quelque profondeur un inaltérable repos.
Dans le Nord, c’est au commencement de l’été que le Marsouin entre en amour;
et cette passion paraît l’aveugler au point qii’on a cru qu’il en perdait réellement la
vue, tant il s’aperçoit peu des dangers, et se laisse prendre aisément. Il poursuit les