BOUQUETIN DU NÉPOUL.
L a nombreuse famille des ruminants à cornes creuses présente tant de difficultés
pour 1 étude ; les espèces qu’elle renferme se prêtent si imparfaitement à une classification
méthodique, que c’est en quelque sorte à regret qu’on voit ces animaux se
multiplier, lorsqu’ils ne donnent pas en même temps les moyens de les grouper en
genres plus naturels, de les rapprocher d’après des principes fondés davantage sur
les parties essentielles de leur organisation. Pour arriver à ce but important, il faudrait
en faire une étude nouvelle et sous des points de vue différents de ceux qui
ont jusqu’à présent dirigé les naturalistes ; mais c’est un travail étranger à cette Histoire
naturelle des Mammifères, qui ne pourrait en présenter que les résultats; nous
nous résignerons donc à ajouter une nouvelle espèce d’antilope à celles que l’on
connaît déjà, sans rien ajouter de bien réel aux lumières qui avaient été acquises sur
ces ruminants. En effet, l’animal que M. Duvaucel nous a envoyé sous le nom de
Bouquetin du Népoul, ne présente aucune de ces modifications qui peuvent servir
de point central autour duquel viennent se réunir les êtres que des affinités
naturelles en rapprochent ; il se confond avec les autres ruminants à formes sveltes,
à mouvements légers, qui ont des cornes uniformément courbées en arrière, de
petits larmiers, un mufle, un chanfrein creux, etc. Les seuls points par lesquels il
se distingue consistent dans la distribution de ses couleurs.
La teinte générale de son pelage est d’un brun marron ; mais cette couleur est
mêlée de beaucoup de noir sur le chanfrein, le long du cou, en avant des épaules,
et tout le long du dos jusqu’à l’extrémité de la queue. Des poils noirs, mais en
petit nombre, sont mélangés aux poils fauves des côtés du corps, des cuisses et des
bras ; le dessous du corps, la face interne des bras et des cuisses, les jambes de devant
et les jambes de derrière sont d’un fauve clair; le dessous de la gorge, la mâchoire
inférieure et la face interne des oreilles sont blancs. Les cornes sont noires couvertes
de petits anneaux à leur tiers inférieur, et plus arrondies antérieurement et
extérieurement que sur les autres faces.
On voit par les proportions de cet animal, par l’épaisseur de ses cuisses et de
ses bras, la finesse de ses jambes, la forme arrondie de sa croupe, qu’il est particulièrement
doué de la faculté de sauter, de bondir; aussi vit-il dans les lieux mon-
tuéux et non point dans les plaines comme les antilopes coureurs ; et à cet égard
il se rapproche en effet des Bouquetins. C’est à M. Wallich, dont nous avons déjà eu
occasion de rappeler les services, en parlant de l’ours du Bengale, qu’appartient la
découverte de ce nouvel antilope. Il l’a ramené à la ménagerie de Baracpour, avec