2 M AND RILL M A L E , V IEU X .
les empêche de se confondre, ou autrement de s’anéantir, puisque les métis sont
impropres à la reproduction. En effet, il n’est pas rare de voir, parmi les singes
des individus d’espèces différentes se livrer à tousses actes de l’amour, comme pourraient
le .faire ceux d’une même espèce.
Ces exemples se sont reproduits plusieurs fois dans notre ménagerie, mais ces
accouplements irréguliers n ont jusqu’à présent jamais été féconds. Ce sont les macaques
et surtout les cynocéphales qui éprouvent avec le ]plus de violence ces besoins
d’accouplement ; il paraît même que ces derniers singes, dans l’égarement de leur
passion, pourraient devenir dangereux pour les femmes. Ce qui est certain, c’est
qu’ils les distinguent très-bien des hommes ; on ne peut en douter aux signes nombreux
qu’ils en donnent. Et comment font-ils cette distinction dans une espèce si
différente» de la leur, et sur des individus couverts de vêtements au milieu desquels
on ne peut aperce.voir qu’une partie du visage? Quoi qu’il en gbit, le Mandrill est un
des singes qui, dans ses désirs d’amour, montre le moins d’éloignement pour l’espèce
humaine. Voici ce que mon frère dit du Mandrill qu’il a décrit dans la Ménagerie du
Muséum d’Histoire naturelle : « Nous avons déjà eu occasion de parler de l’amour
des singes pour les femmes; aucune espèce n’en donne des marques plus vives que
celle-ci; l’individu que nous décrivons entrait dans des accès de frénésie à l’aspect
de quelques unes; mais il s’en fallait bien que toutes eussent le pouvoir de l’exciter
à ce point; on voyait clairement qu’il choisissait celles sur lesquelles il voulait porter
son imagination, et il ne manquait pas de donner la préférence aux plus jeunes. Il les
distinguait dans la foule; il les appelait de la voix et du geste, et on ne pouvait douter
que, s’il eût été libre, U ne se fût porté à des violences. Ces faits bien constatés,
observés par mille témoins éclairés, rendent très-digne de foi tout ce que les voyageurs
rapportent sur les dangers que les négresses courent de la part des grands
singes qui habitent leur pays. On a attribué à l’orang-outang, ou plutôt au chimpensé,
plusieurs traits de ce genre qui appartiennent vraisemblablement au Mandrill. Il est
clair, par exemple, que le barris de Gassendi est bien plutôt un Mandrill qu’un
chimpensé ; et ce qui paraîtra peut-être singulier, il n’est pas sûr que le nom même
de Mandrill n’appartienne pas même en revanche au chimpensé plutôt qu’à l’animal
que nous décrivons aujourd’hui; il paraît du moins certain, ainsi que l’a observé
Audebert, que Smith, dont Buffon a emprunté ce nom, a réellement voulu parler
du chimpensé, etc., etc. »
Cette espèce atteint jusqu’à quatre pieds et demi de hauteur, en la mesurant
debout, sur ses pieds de derrière ; généralement le corps, des fesses au bout du
museau, dans les individus qui ont acquis toute leur croissance, a trois pieds de
long, et il en est à peu près de même de sa hauteur. Dans les individus plus jeunes,
la hauteur surpasse la longueur.
La meilleure figure du Mandrill adulte , que l’on ait jusqu’à présent, est celle de
la ménagerie du Muséum d’histoire naturelle, dessinée par Maréchal. Nous avons
fait donner à la nôtre la même position à peu près, afin de faire voir les couleurs des
parties postérieures ; mais l’individu qui nous a servi de modèle était moins svelte
que celui que Maréchal a peint.
Mai 1824*
M H B