SOUSLIK.
D a n s 1 état actuel de la science, les naturalistes appellent Souslik et considèrent
comme appartenant à une seule espèce, des rongeurs dont les couleurs varient depuis
le gris uniforme et le gris varié de taches rondes bien isolées, jusqu’au fauve
varie de semblables taches ou coupé d’ondulations transversales. C’est à Pallas (novoe
speaes quadrupedum e glirium ordine ) que l’on doit cette manière de considérer les
Sousliks ; et il me paraît avoir été conduit à cette idée, plutôt d’après des conjectures
dont il n expose pas les motifs, que d’après des observations positives : or, dans
l état actuel de la science, toutes les analogies me paraissent conduire, au contraire
a faire penser que des différences aussi considérables dans les couleurs d’animaux
toul-à-fait sauvages, caractérisent quelques espèces distinctes : les Écureuils qui sont
sujets a des modifications assez grandes dans les teintes de leur pelage, ne nous
présentent cependant rien qui approche de ce qu’on suppose chez les Sousliks ■
et les Marmottes qui, avec les Écureuils Tamias, sont les animaux dont les Sousliks
se rapprochent le plus, ne sont sujettes à aucune de ces Variations notables que,
par une exception sans exemple, nous trouverions dans la seule espèce du Souslik
et que l’on a toujours considérées comme les effets de la domesticité et de l’influencé
de 1 espèce humaine sur les animaux.
_ Sans prendre aucune détermination dans une question qui réunit en sa faveur
des opinions respectables, mais qui a contre elle des analogies puissantes, je présenterai
ces animaux, désignés par le seul nom spécifique de Souslik, tels qu’ils nous
sont donnés par la nature , en laissant au temps le soin de porter la lumière sur la
partie de leur histoire qui reste encore obscure et douteuse.
Les Sousliks avaient toujours été considérés comme des espèces de Marmottes
et en effet ils ont avec ces animaux plusieurs points de ressemblance; mais ils en
ont plus encore avec les Tamias, espèces d’Écureuils fouisseurs pourvus d’abajoues
et vivant de graines comme eux. Le fait est qu’ils ne ressemblent exactement ni
aux uns m aux autres. Us ont leur mode propre d’existence et forment un groupe
générique non moins naturel que celui des Marmottes ou des Tamias. C’est ce que je
crois avoir démontré dans un mémoire, où je me proposais en outre d’établir, comme
réglé generale, que la connaissance des formes et des proportions des différentes
parties de la tête pouvait"suppléer la connaissance de la structure et de l’usage des
sens, que des changemens considérables dans les unes annonçaient des changemens
analogues dans les autres, et que l’organisation des têtes pouvait, comme l’organisation
des sens, donner des caractères génériques : règle que l’expérience directe confirmait
entièrement. C’est d’après ces considérations que je fus conduit à former du
Souslik le genre Spermophile. (Mémoires du Mus, d’Hist, Nat. t. 9, p. 295.)