LE PEKAN.
C ette espece est bien connue depuis que Daubenton, en la décrivant avee son
exactitude ordinaire, nous a apgris (Buffon, t. i 3, p. 3o6) qu’elle ressemble exactement
a la Fouine et a la Marte par le nombre, la forme et la situation des dents •
on dirait que cet illustre naturaliste avait le pressentiment de l’importance du carael
tere qu il employait pour fixer des rapports que l’aspect général du Pékan lui avait
déjà fart reconnaître. Quelle différence entre Buffon et Daubenton lui-même à
l’époque où ils parlaient de cet animal, et à celle où iis commencèrent leur immortel
ouvrage! Les espèces qu’ils décrivent ne sont plus classées en sauvages ou domestiques,
propres a notre continent ou à des icontinens étrangers, liées en un mot
l’une à l’autre par des rapports tout-à^fait arbitraires; elles sont unies par des rapports
d’organes, et leur identité de nature ne peut être méconnue. Toute cette
partie de leur Histoire Naturelle est une sorte de protestation contre la première
et un véritable désaveu; de la part de Buffon, de l’exagération dç ses critique^
contre LinnæuSi Cependant l’individu d’après lequel ils firent connaître l’espèce
du Pékan, ne consistait que dans une peau empaillée, qui ne donnait des formes
de cette espèce qu’une très-imparfaite idée; depuis elle n’a jamais été représentée
plus exactement. L ’Encyclopédie en contient une figure beaucoup plus
imparfaite encorq, copiée de Schreber (pl. r34); et ce sont les deux seules figures
originales du Pékan que je connaisse. Une figure, d’après nature, était donc indis-
pensable. Les observations auxquelles cette Marte a donné lieu sont malheureusement
aüSsi très-incomplètes,- et il ne me sera pas possible d’enrichir son histoire
d’observations nouvelles, car je n’ai vu l’individu, dont je donne ici la figure,
que pour le décrire. Buffon, qui s’est le plus étendu sur cette espèce, n’a fait que
copier quelques passages des,voyageurs, qui ne s*ÿ rapportent même pas tous.
Pennant (Penn. Quad. p. 331) n’en donne qu’une description très-abrégée, d’après
une peau préparée du cabinet d’Astor Lewer; M, Desmarest n’en parle aussi que
d’après les individus; conservés dans notre Muséum; et les auteurs américains eux-
mêmes se taisent sur son genre de vie, Ses moeurs, son naturel ; tout ce qu’on
pourrait induire du nom de Marte pécheresse (Fischer Wensel) qu’ils lui donnent,
c’est qu’elle fréquente le bord des rivières et mange le poisson ; et c’est en effet ce
qui serait confirmé par un article de la Zoologie arctique de Pennant (t. i , p. 78 ),
si, comme le pensait ce naturaliste, ce qu’il rapporte de l’animal envoyé, de la bai'é
d’Hudson à la Société.royale par M. Graham, sous le nom de Jackash, appartenait
au Pékan; par là nous saurions même de plus que les femelles mettent bas deux
petits chaque année.