2 COATI BRUN-FONCÉ.
il avoit à prouver qu’il naît plus de Coatis mâles que de femelles, ce qu il faisait en
partie au moyen de ces Coatis solitaires; or, l’on sait ce que peuvent les opinions
théoriques pour persuader à ceux qui les ont imaginées la vérité des faits qui donnent
de l’autorité à ces opinions.
Ce qui est certain, c’est que des animaux, portés par leur naturel à vivre réunis
en troupes, ne s’isolenj point par le motif que suppose M. d’Azara. La femelle, chez
aucun Mammifère, n’obéit à l’ardeur du mâle, c’est elle qui choisit; et le mâle qui
aurait vécu solitaire dans les premiers temps des amours, ne serait point condamné
à l’isolement, vers le milieu de cette époque, et au moment où ses rivaux ne pourraient
plus être des concurrens dangereux pour lui. D’un autre côté, nous avons
plusieurs exemples d’espèces, dans les genres les plus naturels, qui présentent ces
différences de moeurs. Le Loup vit solitaire, tandis que le Chien et le Chacal vivent
en troupes. Et il en est de même du Lièvre et du Lapin, du Rat et du Surmulot, etc.
L’individu dont je donne la figure était mâle, et je ne crois pas qu’aucun animal
domestique ait jamais porté plus loin que lui le besoin des caresses et la familiarité.
Ses témoignages affectueux se modifiaient de toutes sortes de manières. Des qu on
l’appelait il montait sur vous en poussant un cri doux qu’il modulait dans-deux ou
trois tons, et en portant son nez sur toutes les parties découvertes du corps, par où
il semblait chercher à vous toucher de plus près; et quand on le remettait à la chaîne
pour se soustraire à ses importunités, il ne s’irritait point et n’en était après n. moins
affectueux, ni moins caressant. C’est certainement une des espèces sauvages qui ont
aujourd’hui le plus de disposition à la domesticité. Malheureusement elle répand une
odeur très-désagréable, que l’influence de l’homme pourrait affaiblir, mais qui ne se
détruirait jamais tout-à-fait. Au reste, les seuls services que nous pourrions en tirer
nous sont rendus par les Chats, en partie du moins; car le Coati serait bien plus
propre qu’eux pour détruire les Rats : il a beaucoup plus de force et plus de courage.
Toute la partie supérieure de la tête de notre Coati brun-foncé est grise, excepté
quatre taches blanches et ¡petites, qui se trouvent autour de l’oeil, une en avant, une
en arrière, une en dessus et une en dessous. La partie inférieure, a commencer de
la lèvre supérieure, est blanche, excepté postérieurement où elle est fauve. Tout le
dessus du cou, jusque vers l’épaule, et le devant de ■ poitrine, sont d un fauve
roux très-brillant, et la fond de toutes les autres parties du pelage a cette couleur;
mais tous les poils étant terminés par une longue portion noire, il résulte de ces
deux couleurs la teinte, brune que notre animal présente, teinte sous laquelle le
fauve domine quelquefois, ainsi que nous le voyons à la face interne de ses membres,
et sous son ventre. La queue est annelée de noir et de gris fauve. Les pattes et les
ongles sont noirs , ainsi que le muflë: ’ •
La taille de cet animal, ainsi que ses proportions, ne diffèrent point de celles des
autres Coatis.
Mars 1825.
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