BUBALE.
C haque fois que nous avons eu occasion de parler des rapports qu’ont entre eux
les ruminans à cornes creuses, que les naturalistes réunissent sous le nom d’Antilopes,
nous avons dû faire remarquer combien ceux qui résultent des caractères
sur lesquels se fonde aujourd’hui la classification de ces animaux diffèrent de ceux
que la nature semble indiquer par les formes générales et par plusieurs des formes
particulières que ces nombreux ruminans nous présentent : ce qui est l’indication
sûre que cette branche de l’histoire naturelle des Mammifères demande de nouvelles
recherches, et que ces recherches promettent des succès;
Lorsqu’on examine'attentivement ces animaux, dans la vue de juger de leur
ressemblance par les traits principaux de leur physionomie, oh est frappé de la
part considérable et presque exclusive que la tête prend à ces traits, par sa forme
générale et les proportions de ses diverses parties : ce qui semblerait confirmer les
idées que nous avons plusieurs fois émises et que nous avons même établies sur de
nombreux exemples, de la sûreté des caractères tirés de la forme de la tête pour
subdiviser naturellement les familles dont les espèces ne diffèrent les unes des
autres par aucun des systèmes sur lesquels se fondent ordinairement les groupés
génériques.
Le Bubale offre un exemple remarquable de l’importance du caractère tiré de la
tête. En effet, la tête de cet animal, par sajongueur et la largeur de son museau
tout-à-fait en harmonie avec les autres proportions de son corps, a une si grande
ressemblance avec celle de la Yache, que plusieurs naturalistes ont désigné le Bubale
par ce nom, et que les Arabes lui donnent celui de Bekker el vash, qui signifie
Boeuf sauvage. Il me paraît impossible en effet, comme il a paru au reste à beaucoup
d’autres, de ne pas rapprocher ces Antilopes des genres des Boeufs, et de ne
pas les éloigner des Gazelles auxquelles ils se lient par les caractères tirés des
cornes, sans s’y rattacher aucunement par ceux de la tête : car la tête des Gazelles,
c’est-à-dire, du Kevel, de la Corine, rappellent tout-à-fait celles des Chèvres; et
ce qui confirme ces rapports, c’est que le naturel du Bubale ne ressemble pas moins
à celui des Boeufs que le naturel des Gazelles ne le fait à celui des Chèvres. Shaw
le voyageur, dans ses Observations physiques et mêlées sur les royaumes d’Alger
et de Tunis, t. I , pag. 3i 5 et 3i 5 , nous dit que les jeunes Bubales s’apprivoisent
• aisément, et que mêlés aux Boeufs ils les suivent aux champs et paissent avec eux
comme les autres individus du troupeau. Dans leur état de nature ils vivent en
troupes et se défendent contre ceux qui les poursuivent : ce qui, au reste, résulte . ■
du penchant commun à tous les animaux à cornes creuses.
Celui qui fait l’objet de cette notice a vécu à la Ménagerie de Versailles et a passé