3 i c et 3 8 e livraisons. Non-seulement ses oreilles sont beaucoup moins étendues
que les leurs, mais son museau est moins proéminent; ce qui au reste n’est qu’une
apparence, et tient moins à un plus grand développement proportionnel des parties
postérieures de la tête qu’à une élévation des os du nez qui semblé &ire la limite
u museau, tandis qu’en réalité il s’étend fort au-delà, et surpasse même celui de
la Rarbastelle. Les dents sont au nombre dp trente-deux, six vraies molaires à
tubercules aigus, deux fausses molaires normales ( et deux canines àchaque mâchoire
comme chez toutes les Chauve-souris; deux incisives simples et écartées l’une dé
1 autre et deux fausses molaires anomales à la mâchoire supérieure, et quatre incisives
trilobées et quatre fausses molaires anomales à l’inférieure (i).
L ’odorat parait être un des sens les plus étendus du Fer-à-Cheval; comme nous
venons de le dire, ses os du nez, élevés et élargis, sinon alongés, présentent un
large réceptacle à l’air chargé d’émanations odorantes; et voici la description dé sa
membrane nasale, autant qu’il est possible de donner celle d’un organe compliqué de
tant de détails. Cette membrane, considérée dans soii ensemble, présente une lame
terminée à sa partie supérieure par un angle très-alongé, et à sa partie inférieure par
un demi-cercle, c’est-à-dire que des extrémités de ce demi-cercle partent deux
lignes droites qui se réunissent en formant un angle très-aigu; ce cercle, d’une
certaine largeur, a été^ désigné par le nom de Fer-à-ChevSl, qui est la dénomma-
tion de l’animal lui-même; sa partie concave est dessinée par un sillon profond où
se trouvent les narines, consistant en deux orifices arrondis; dé chaque côté du
bord interne des narines s’élève une petite lame, qui semble propre à les fermer en
s abaissant sur elles, et ces petites lames, en s’élevant et en se réunissant, produisent
une saillie membraneuse de forme à peu près carrée, qui s’élève perpendiculairement
au milieu de la partie anguleuse de la membrane. Cette partie a en outre, de
chaque côté de sa ligne moyenne, deux petits replis ou deux petites lamelles qui forment
comme deux poches. La partie concave'du Fer-à-Cheval est légèrement relevée
en bourrelet, surtout au bord externe des narines, et sà partie convexe est libre et
divisée en deux parties égales par une petite échancrure. La partie anguleuse se
détaché de la tête au point où le fer à cheval se termine, et deux brides attachées
sur ces bords le retiennent postérieurement en ce point. La lèvre supérieure
est entiere, et l’inférieure terminée par deux mamelons qu’un sillon léger sépare. La
langue, épaisse et large, est couverte de papilles molles très-fines. Les oreilles
fort grandes sont légèrement échancrées au sommet de leur bord externe postérieur,
lequel revient en avant et se relève à sa partie inférieure en un lobe large
et arrondi; enfin un petit tubercule s’observe à la base de ce lobe et à sa face interne
, c’est-à-dire en avant du trou auditif.
Les yeux sont à peine perceptibles, étant cachés sous les poils sur Tes côtés de
la membrane nasale.
Les organes génitaux n’offrent rien de particulier; la verge est dans un foureau
suspendu librement en avant des testicules renfermés dans l’abdomen, du moins
dans les individus que j ’ai observés.
Les organes du mouvement sont fort développés; tous les doigts antérieurs ont
deux phalanges, et le pouce seul, qui reste court, et ne prend point part à la formation
des ailes, a un ongle comprimé et aigu; les doigts des pieds de derrière, J
(i) Des Dents considérées comme caractère zoologique, p. 44 et Si .
LE FE R -A -CH E V A L . 3
garnis de> semblables ongles, sont courts et d’égale longueur, et la queue est
entièrement renfermée dans la membrane inter-fémorale.
Son pelage, fin et doux, est blanchâtre aux parties inférieures du corps, et gris-
brun aux parties supérieures, lesquelles, au reste, sont, suivant les individus, plus
ou moins cendrées ou plus ou moins brunes ; dans ce dernier cas les parties nues
sont couleur de chair, et les ailes sont brunes. Cependant les teintes sont toujours
très-claires.
Le Fer-à-Cheval est un animal crépusculaire qui passe la journée caché dans des
lieux obscurs, dans les toits des maisons inhabitées, dans le fond des cavernes,
dans les tours des vieux édifices, où il se suspend, par les pieds de derrière, enveloppé
dans ses ailes de manière à ne laisser à découvert que sa tête. Il se nourrit
des insectes qui voltigent près des lieux humides après le coucher du soleil, et il
passe l’hiver dans un état de léthargie complète. Le printemps est sans doute pour
eux le temps des amours, car ils ont des petits à la fin de cette saison.
Les détails du naturel de cette espèce ne sont point connus. Les difficultés de la
suivre dans ses excursions nocturnes et dans sa retraite, l’impossibilité où l’on a été
jusqu’à présent de la faire vivre en esclavage, seront toujours de grands obstacles à
ce qu’on la juge et qu’on fasse son histoire.
Les naturalistes désignent aussi le Fer-à-Cheval par le nom de Bifer, et il présente
un des types les plus remarquables du genré Rhinolophe auquel il appartient.
On en a déjà donné de bonnes figures, et l’on peut surtout citer celle de Buffon,
t . vm, pl. 20.
Décembre 1827.