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Cette manière d’envisager les rapports des animaux, dans laquelle le raisonnement
précède les phénomènes qui ne sont nécessaires que pour confirmer ce que
celui-ci établit, forme de cette branche de l’Histoire naturelle une science fondamentalement
logique. C’est donc par la logique seule qu’elle peut être jugée. On a
déjà beaucoup avancé pour montrer qu’elle n’a rien qui ne soit conforme aux faits.
Cependant on aura presque travaillé en vain, on aura roulé dans un cercle essentiellement
vicieux, tant qu’elle n’aura pas été mise hors d’atteinte par une démonstration
rigoureuse; et ce n’est pas l’observation qui peut donner cette démonstration;
car les principes sur lesquels repose cette manière nouvelle d’envisager la science
ne sauraient à la fois servir de preuves aux faits et être prouvés par eux.
C’est conséquemment une tâche qui reste encore à ceux qui s’occupent de ces
hautes spéculations; je ne sache pas, en effet, qu’elle ait été remplie, et elle est digne
des esprits qui se sont élevés du monde sensible jusqu’à ces régions infinies que des
intelligences privilégiées peuvent seules atteindre et explorer.
Ces réflexions sur l’influence que les genres aussi naturels que celui des Semno-
pithèques ont eu sur la science, nous ont un peu écarté de l’espèce dont nous avions
à parler. On ne connaît encore malheureusement que ses caractères organiques. Rien
ne nous est parvenu sur ses moeurs et son naturel. C’est à M. Diard que nous devons
de pouvoir la publier. Dans son voyage à la Cochinchine il en a recueilli un grand
nombre d’individus de tout âge et de tout sexe, ce qui nous a appris qu’il n’y a aucune
différence notableéde couleurs entre les mâles, les femelles et les jeunes.
Cette espèce porte le nom latin de Nemeus dans les catalogues méthodiques.