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dans ces sortes de travaux, l’analogie n’est point un guide assez sûr pour établir sur
elle des lois absolues.
Les détails dans lesquels je suis entré sur les dents, les organes des sens et ceux
des mouvements, en donnant la description de mes premiers Phoques, conviennent
en tout point à celui qui fait l’objet spécial de cet article. Je dois seulement dire
d’une manière plus affirmative, que les mâchelières de ces animaux sont à tout âge
au nombre de cinq de chaque côté des deux mâchoires ; car il est à remarquer, comme
l’a observé M. de Blainville, que toutes les dents de ces animaux se développent à
la fois; et il faut aussi que j ’ajoute que le pelage des Phoques se compose de deux
sortes de poils, et non pas de poils soyeux seulement ; que les poils laineux sont, au
contraire, assez nombreux et généralement grisâtres.
Le Phoque commun a la même physionomie que le Phoque lièyre, et son museau
paraît être un peu plus allongé que celui du Phoque marbré. C’est surtout par ses
couleurs qu’il diffère de l’un et de l’autre. Nous l’avons fait représenter lorsque son
pelage est mouillé et lorsqu’il est sec, afin de montrer les différences remarquables
qu’il présente dans ces deux états. Au moment où l’animal sort de 1 eau, toute la
partie supérieure de son corps et de sa tête, ses membres postérieurs et sa queüe sont
gris d’arcloise. Le gris de la ligne moyenne, de la queue et des pâtes est uniforme ;
celui des côtés du corps se compose de nombreuses petites taches rondes sur un fond
un peu plus pâle et jaunâtre. Toutes les parties inférieures sont de cette dernière
teinte. Lorsque le pelage est dépourvu de toute humidité, il ne reste plus de gris
que sur la ligne moyenne, encore cette couleur a-t-elle pris une' téirïte: très-claire,
et excepté un très-petit nombre de taches plus foncées répandues firégüîièrëmênt sur
cette partie, le reste du corps est entièrement jaunâtre. Cette- différence "dans la
couleur paraît tenir, d’une part, à ce que dans l’eau les poils Soyeux, généralement
plats, prennent une demi-transparence qui colore en partie la portion jaunâtre et
visible de chaque poil; et d’une autre part, à ce que, hors de l’eau, chaque poil
est opaque, se recourbe à son extrémité, cache par là sa portion grise, et ne laisse
apercevoir que la portion jaune, inférieure à la première. La matière grasse qui
lubréfie ces poils paraît naître d’organes particuliers qui semblent se trouver en plus
grande quantité autour des yeux, sur les épaules, sur les côtés du dos, sur les côtés
du ventre et autour de l’anus ; cette matière est noirâtre et puante. Contribuerait-
elle aussi à colorer le pelage, lorsqu’il est mouillé ?
Dans le détail où je suis entré pour faire connaître l’étendue de rintelligeiîèe'clès
Phoques et le rapport de cette faculté avec leurs sens, je me sui<i}QElié à l’expOsi-
tion des phénomènes que ces animaux m’avaient naturellement présentes, qui
résultaient de leurs besoins et ctiTleur position, de l’exercice de leur intelligence
occasionnée séiïlement par les circonstances qui les environnaient accidentellement.
On pouvait sans doute conclure de ces détails que les Phoques étaient susceptibles
d’une éducation artificielle fort étendue : car le caspd’être fortuit ou conditionnel
n’est relatif qu’à la cause des influences, et non point à l’être qui en éprouve l’action.
En effet, j ’ai eu occasion d’observer un Phoque commun, qui s’était ployé à une
éducation spéciale, où il montrait une grande étendue de faculté intellectuellé. 11
appartenait à des montreurs d’animaux qui avaient eu besoin, pour exciter la curiosité
publique, de l’habituer à des exercices particuliers, et de le soumettre à leur commandement.
Cet animal obéissait ponctuellement à ce qui lui était ordonne à haute
voix. On lui disait de s’élever sur ses pieds de derrière, de prendre un bâton entre
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ses pieds de devant et de Se tenir en sentinelle, de se coucher sur- le côté droit ou
sur le Cote gauche, de se rouler sur lui-même, de présenter l’une ou l’autre pate
d approcher son museau du visage de son maître ou autrement de l’emhrasser et ii
se conformait sur-le-champ à la volonté de celui qui parlait, qui l’avait ainsi dressé
et auquel il paraissait etre singulièrement attaché. Cette conformité entre un signe’
et des actions quelquefois compliquées pouvait justement étonner dans un .•mlmd
si peu semblable a ceux qui nous entourent et nous servent; cependant elle n’était
l " “ f e t® UD? slmP'e association produite par une répétition plus ou moins
1 df6S m?™es ST SS1 d°S mèmes mouvements. C’est p r ce seul procédé qu’on
obtient ces phénomènes d’éducation d’animaux qui causent tant d’étonnement et
au moyen duquel on semble les faire rivaliser avec l’espèce humaine; et il ne faut
que de la ptience pour arriver à ces merveilleux résultats. Dès qu’un animal est
apprivoise au point de rester passif, ou plutôt de conserver sa confiance, dans toutes
les positions ou on le place, dans tous les mouvements qu’on exige de lui, il suffit
de repfitsïÆequemment le même exercice avec le signe à la suite duquel ils doivent
se renouveler, pour qu après un temps plus ou moins long, la perception de ce signe
soit immédiatement suivie de l’action qu’il indique; et cet signe peut être un moulinent
de la main, un son de la voix ou toute, autre modification ; il peut même
être tellement choisi ou tellement calculé, qu’il ne soit sensible que pour l’animal
et que le spectateur n’en soit point frappé. Alors les animaux semblent agir d’eux-
memes , et 1 étonnement se change en admiration. C’est ainsi que le jugement
de^choses^11 “ P°rte qU6 S“ r B apparenCes et non Point sur la nature “ ême
L ’individu dont je donne la figure était encore jeune; il n’avait que deux pieds
quatre pouces du bout du museau à d’origine de la queue, et celle-ci avait trois
pouces et demi.
Mai, 1824.