ÉLÉPHANT D’ASIE. 9
p Urd0" nentSanSCesSe’ ü mangent -toute la journée sans aucune heure marquée.
En été ils boivent jusqu’à trente seaux dieau chacun.
« Ils sont en ce taomentvâgés de près de dix-huit ans, et ont huit pieds quatre
pouces de hauteur : ils sont crus d’un pied quatre pouces depuis trois ans qu’ils
sont à Paris. Lorsqu’on les amena en Europe; en 1786, ils n’avaient que deux
ans et demi, et trois pieds six pouces de haut. 1 ils ne mangeaient alors que
vingt-cinq livres de foin chacun.
« Ils sont nés à Ceylan, et de la plus grande race. La compagnie hollandaise des
Indes en avait fait présent au Stadhouder; on les amena par eau jusqu’à Nimègue,
et de là à. Loo par terre et à pied. Il fut très-difficile de leur faire passer le pont
d’Arnheim, tant ces animaux sont défians ; il avait fallu les faire jeûner, et on les
engageait à avancer en leur offrant de loin leur nourriture ; encore ne faisaient-ils
aucun pas sans avoir essayé de toutes les manières la solidité de chaque planche
sur laquelle ils devaient posér un de leurs pieds.
« Ils furent très-doux tant-qu’ils Testèrent a Loo; on les laissait aller librement
partout; ils montaient même dans les appartemens, et venaient pendant le repas
recevoir les friandises que chacun leur donnait ; mais à l’époque de la conquête de
la Hollande,- un grand nombre de personnes étant venues les voir à toute heure,
et ne les ayant pas toujours traités avec discrétion, ils ont beaucoup perdu de
leur douceur. La gêne qu’ils ont éprouvée, dans les énormes cages qui ont servi
à les transporter à Paris -, a encore altéré leur naturè, et on n’ose , plus les
laisser en liberté ; mais on les tient dans un parc assez étendu pour qu’ils puissent
y prendre les mouvemens nécessaires*à leur santé; ils ont un bassin pour se
baigner, ils entrent et sortent librement de leur écurie ; leur croissance rapide
prouve qu’ils sont très-bien portans:
« (Des deux individus ont l’un pour l’autre l’attachement le plus tendre ; lorsque
l’un des deux témoigne quelque effroi, l’autre accourt sur-le-champ à son aide;
c est surtout lorsquils Sont frappés par quelque objet nouveau pour eux, que
leurs caresses redoublent de vivacité; alors ils courent de côté et d’autre, ils
jettent des cris, ils se caressent de leur trompe; le mâle donne des signes d’une
ardeur à laquelle il est ordinairement fort étranger. Jamais ces mouvemens ne
furent plus marqués qu’à leur arrivée à Paris, lorsqu’ils se retrouvèrent après une
longue séparation : on eut même un instant l’espoir qu’ils en viendraient à une
union réelle; mais cet espoir a été trompé.
« Us ont éprouvé absolument les mêmes choses lorsqu’on leur donna un concert
et lorsqu on leur eut construit un bain ; dans la première occasion, se joignirent aux
effets ordinaires de la surprise, les impressions immédiates des instrumens; celles-ci
ne me pâturent cependant pas plus vives que celles qu’on observe sur les Chiens ;
elles se bornèrent à des hurlemens, des cris et quelques sauts cadencés; mais leurs
tentatives amoureuses furent ce jour-là très-fortes et très-répétées, quoique sans
succès.
« Ces animaux ont trois cris : un de la trompe, qui est plus aigu et qu’ils ne
semblent faire entendre que pour jouer entre eux; un faible de la bouche, par
lequel ils demandent leur nourriture ou leurs autres besoins, et un très-violent de
la gorge, lorsqu’ils éprouvent quelque effroi. Ce dernier est réellement terrible.
« Us sont généralement doux, ne cherchent point à nüire, connaissent et aiment
leurs gardiens ; mais ils deviennent médians lorsque les glandes qu’ils ont derrière
les oreilles viennent à couler : alors leurs gardiens en éprouvent de mauvais trai