LE CARCAJOl
L a nature de cet ouvrage ne me permettant point d’admettre des espèces douteuses,
et de fonder des caractères généraux sur des observations incomplètes-
et me proposant surtout de faire connaître les Mammifères, autant qu’il dépendra*
de moi, avec les qualités qu’ils ont reçues, comme êtres’ qui sentent, quiagtsen
1 ? " g » ! et j * dû, en donnant la M l
Blaireau (36 . livr janvier i8a3), présenter cette espèce comme étant la seule de
son genre, quoiqu’on eut déjà décrit le Carcajou sousj* nom de Blaireau Américain
ainsi que je le rappelais.; En effet, jusqu’à ce jour,, ce carnassier n’a été qu’i m i S
tement connu, M. Desmarets qui, dans sa Mammalogie, a recueilli si fidèlement tout
ce qui ete publie sur les animaux dont il présente le tableau, ne donne point les
caractères spécifiques du Carcajou * et laisse incertain si cet animal doit être c o n fé r é
comme étant le Blaireau commun, naturel à l’Amérique Septentrionale, ou c o m l
une espece distincte, exclusivement propre à, cette partie du Nouveau Monde 11 v
a meme plus : ce n’est que par induction, que le Carcajou a été considéré comme un
Blaireau; car il n existe, je crois, aucune observation positive qui donne ses caractères
génériques. On n a ete conduit à le classer comme on l’a fait, que par sa physionomie
generale.et par la distribution des couleurs de son pelage; mais ces indications peuvent
etre aussi positives que celles des parties organiques les plus importantes, et
exemple du Carcajou est une nouvelle preuve de cette vérité encore trop méconnue
peut-etre, a cause des conséquences importantes auxquelles elle conduirait
Les plus anciens voyageurs en Amérique, nous ont parlé du Carcajou. Le baron
,!? Hontan, se trouvant au Canada à la fin du i 7«. siècle, rapporte que cet animal
qu d regarde deja comme un Blaireau, vit de proie et se cache dans des tanières ■
et Sarazm, dans une de ses descriptions d’animaux, insérée dans les Mémoires de
1 Académie des Sciences année. i 7 i 3 , décrit très-exactement sa. taille, ses formes
générales, la structure de ses pieds, les teintes de son pelage, e tc ., etc. • mais c/est
aBuffon que nous en devons la première figure (Supp.,;tl 3, pag. 2/12 pl xlixï
Elle avait été faite d’après une peau bourrée envoyée d’Amérique sous ïe nom de
peau de Carcajou. Il reconnut sa ressemblance avec celle du Blaireau, seulement
les pieds de devapt, dans cette dépouille, n’avaient conservé que quatre doigts le
petit ayant ete détruit dans sa préparation, ainsi que Bijflfon le soupçonnait déjà-
et cet auteur, comme Sarazin, ne lui donne que 3a dents; erreur qui vient sans
doute de ce qu’ils n’auront l’un et l’autre compté que les dents supérieures, pensant
que le nombre des inférieures devait être le même; mais la mâchoire inférieure a
de chaque côté trois fausses molaires, tandis que c’est la mâchoire opposée seulement
qui n en a que deux, nombre qui a servi de fondement au leur. Dans le Blaireau
on trouve une fausse molaire inférieure de plus, et cette différence mériterait
que je m y arrêtasse, si cette dent n’était pas rudimentaire et ne tombait r«s avec
âge;.aussi l’analogie permet de penser que les jeunes Carcajous présenteront ce
caractère fugitif. Mais s’il ne me reste que de légers doutes sur ce point, je dois
dire que je n’ai pu voir les deux dernières mâchelières du Carcajou, dont il resterait
conséquemment à vérifier la ressemblance avec celles du Blaireau- et sur ce