CROO.
C e nom, donné à dos Quadrumanes de Sumatra et des îles adjacentes, n’est qu’une
imitation de la voix de ces animaux; mais il paraîtrait que tous n’appartiennent pas
à la même espèce, que les uns sont des Macaques, et les autres des Semnopithèques.
C’est une espèce de ce dernier genre que nous publions aujourd’hui sous le nom
de Croo, nom sous lequel elle se trouve aussi désignée dans les galeries du Muséum
et dans la Mammalogie de M, Desmarest (Supp. p. 533);
Le Croo a la taille de nos plus grandes Guenons, et égale l’Entelle; il ressemble,
par sa face, au Cimepaye dont nous avons donné la figure, parce que, sans doute,
ces animaux étaient du même âge, et non encore entièrement adultes; car nous
avons vu, par l’exemple de l’Entelle de notre 47e* livraison, que dans un âge avancé
le museau des Semnopithèques se trouve très-développé.
La lace est brune avec quelques poils gris rares et courts, mais elle est entourée
d’une espèce de fraise qui se réunit en aigrette sur la tête, où, du gris, elle passe
presque au noir. Toutes les parties supérieures du corps sont d’un beau gris, et les
parties inférieures blanchâtres. La queue, grise en dessus, et plus pâle en dessous,
est terminée par des poils blancs.
Cette espèce se trouve désignéë en latin dans la Mammalogie de M. Desmarest,
sous le nom de Comatus.
Lorsque nous nous occupions de la publication de ce Semnopithèque, nous étions
loin de prévoir que M. Alfred Duvaucel, à qui nous en devions la connaissance,
était enlevé à sa famille et aux sciences par une mort cruelle et prématurée! que
tant de lumières, tant de zèle, tant d’activité, tant de courage, succombaient à
l’excès des fatigues et des privations; et que, désormais, la France et l’histoire naturelle
ne s’enrichiraient plus des fruits de son dévouement et de ses veilles. Eh! quel
voyageur naturaliste mériterait plus de regrets que lui ! Il n’en est aucun qui ait
mis plus de désintéressement dans ses sacrifices, plus d’oubli de soi-même dans les
dangers, plus d’intelligence dans ses efforts; aussi jamais la branche la plus importante
de la Zoologie, celle des Mammifères n’a-t-elle été agrandie par des travaux
plus fructueux que les siens. Mon frère les a cent fois proclamés dans ses Recherches
sur les Ossemens fossiles, et si mon ouvrage a mérité quelque intérêt par les espèces
nouvelles qu’il contient, je dois reconnaître que c’est à Duvaucel surtout qu’il en
est redevable. Après huit ans de séjour dans l’Inde, de pénibles voyages au Silhet,
dans le Ilaut-Bengale, à Sumatra, il était prêt à revenir dans sa patrie, et l’amitié
l’attendait, lorsqu’à sa place est arrivée l’aflreuse nouvelle de sa mort. Ah! sans