BISON, AGE DE 50 JOURS,
U n e espèce de Mammifère n’est complètement connue, par ses caractères extérieurs,
que quand on en connaît le mâle et la femelle, et qu’on a pu apprécier les
modifications qu’ils éprouvent dans leurs formes, leurs couleurs, depuis le moment
de leur naissânce jusqu’à .leur entier développement. Nous n’en connaissons de la
sorte qu’un bien petit nombre, et c’.est une des imperfections de la science; car autrement
nous aurions des objets de comparaison que ne nous donnent pas les cas
les plus ordinaires, la possession d’un seul individu, et d’un seul.sexe; par la connaissance
des sexes à tous les âges nous pourrions plus sûrement établir les caractères
d’une espèce et la distinguer de toutes les autres.
La naissance du jeune Bison, dont nous publions la figure, en nous faisant connaître
cette espèce dès les premiers momens de sa vie" donnera un moyen de plus
de la- séparer de celle de l’Aurochs, avec laquelle elle a quelquefois été confondue
et dont elle n’a même point encore été bien explicitement distinguée, quoiqu’on ne
paraisse plus douter de la différence spécifique de ces animaux; mais cette idée
s’est plutôt établie sur des vraisemblances que sur dqs preuves matérielles et'sensibles.
Nous avons donné, dans la douzième livraison de cet ouvrage ( novembre
18 19 ), la figure et la description du Bison mâle, et ‘dans la trente-deuxième (septembre
1821) la figure du Bison femelle; nous nous réservions de faire connaître les‘
caractères de celle-ci avec ceux des jeunes que nous étions autorisés à penser .qu’elle
nous donnerait. Cette femelle ne diffère de son mâle que pap des traits moins marqués
: sa taille est plus petite, sa tête moins lourde, son cou moins court, ses jambes
moins épaisses, son garotmoins relevé, et les poils qui couvrent cette partie; ainsi que
ceux de la tête, moins touffus et moins longs. Elle est aussi d’un naturel plus doux ;
ce n est point la crainte qui la porte à obéir à son maître ; elle le connaît et lui est
âttachée_; mais envers toute autre personne elle est grossière et brutale, sans cependant
qu’elle frappe ou attaque si elle n’est provoquée ; elle reste indifférente aux c%
resses de ces personnes ou s’éloigne d’elles en témoignant son mécontentement par les
mouvemens brusques de sa tête, qui semblent des menaces, et un grognement particulier
qu’elle ne fait entendre que dans cette situation. Nous la devons, comme le
mâle, à M. Milbert, qui l’a envoyée à la Ménagerie du Boi, de l’Amérique septentrionale.
Elle était encore fort jeune et fort petite, et elle a conservé sa taille pendant
plus d’une année ; elle restait chétive, mangeait peu, ses mues se faisaient
mal, et tout nous donnait la crainte de la perdre : elle était alors dans une écurie
et dans un parc seule. Dès qu’elle fut placée dans une écurie, en compagnie avec
une vache domestique, on vit un changement subit s’opérer en elle : son appétit